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Apprentis d’Auteuil et les droits de l’enfant au Pérou

En cette Journée internationale des droits de l’enfant, Apprentis d'Auteuil met en lumière un partenaire péruvien : l’association Qosqo Maki. Avec la crise sanitaire et économique, elle accompagne, plus que jamais, des garçons et des filles en situation de rue et leur fait connaître leurs droits. Pour un présent et un avenir meilleurs. Interview d’Apolline de Lavarde, coordinatrice de Qosqo Maki.

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En cette Journée internationale des droits de l’enfant, Apolline de Lavarde, coordinatrice de l'association périvuenne Qosqo Maki, partenaire d'Apprentis d'Auteuil, parle de l'urgence d'accompagner les garçons et les filles en situation de rue et de leur fait connaître leurs droits.

Quelle est la mission de Qosqo Maki ?

Notre association met tout en œuvre pour améliorer les conditions de vie des enfants et des adolescents, âgés majoritairement de 12 à 18 ans, qui vivent et travaillent dans la rue. Nous leur offrons, en priorité, un lieu d’accueil et d’hébergement. Puis, en fonction de leurs capacités, de leurs talents et de leurs compétences, nous élaborons, avec eux, un projet de vie. Avant de les accompagner sur le chemin de la citoyenneté, des responsabilités et de l’autonomie. Où ils prennent conscience de leurs droits, de leurs devoirs, de leur liberté d’expression et de leur pouvoir d’agir.  

Qui sont les jeunes que vous accueillez et accompagnez ?

Des garçons et des filles qui ont quitté leur famille pour des raisons de violence intra-familiale. Et, depuis quelque temps, des jeunes qui recherchent une indépendance financière et se laissent tenter par les jeux en ligne. Une addiction qui mange toutes leurs petites économies et les tient « en marathon » jours et nuits, avec leurs téléphones portables dans notre foyer d’hébergement ou devant des ordinateurs dans des cyberboutiques. 

Quelles actions de sensibilisation aux droits de l’enfant menez-vous ?

Au quotidien, dans nos ateliers de formation professionnelle, non seulement nous initions les jeunes aux métiers de boulanger-pâtissier et de menuisier, mais nous les informons aussi sur le droit (scolaire, social, administratif, juridique…). Dans notre espace culturel, nous organisons des activités de sensibilisation (ateliers, concerts…) ouvertes aux jeunes de Qosqo Maki et aux jeunes et adultes de Cusco. Pour nous faire entendre auprès des autorités locales, nous créons des alliances stratégiques avec d’autres associations qui œuvrent auprès des enfants et des adolescents en situation de rue, et pour la défense de leurs droits. Nous saisissons aussi toutes les occasions pour participer à des colloques internationaux (Consortium for street children) ou aux réunions des hautes autorités pour la défense des droits de l’homme du Mercosur. Nous nous faisons également entendre tout au long de l’année, spécialement le 12 avril lors de la Journée internationale des enfants des rues, et le 20 novembre pour la Journée internationale des droits de l’enfant

En quoi la crise sanitaire et économique complique-t-elle votre mission ?

Au Pérou, pour accéder à une formation professionnelle, les jeunes doivent avoir terminé leurs études secondaires et/ou être majeurs. Beaucoup y renoncent car le niveau de discipline demandé par l'école est trop exigeant pour eux, ou parce qu’ils ne peuvent pas concilier études et petits boulots pour les financer. Sans réelles qualifications, ils se retrouvent à la rue, victimes d’abus et d’exploitations. Durant cette crise, les garçons et le filles en situation de rue, souffrent d’une triple peine : il leur est interdit d’y rester en raison de la quarantaine, ils doivent acheter du savon ou du gel hydroalcoolique pour se protéger et ils ne peuvent plus rien (ou presque) espérer du travail informel de rue qui s'est raréfié en raison du confinement.
Plus que jamais, Qosqo Maki doit lutter pour rendre les formations professionnelles accessibles aux mineurs et majeurs qui ne remplissent pas les prérequis exigés. Comme tous les jeunes du monde, les jeunes Péruviens en situation de rue doivent pouvoir s’insérer et vivre dignement dans la société. Ils sont l’avenir et « les mains de Cusco », Qosqo Maki en langue quechua.