Formation et insertion

L'Ouvre-Boîte, une pépinière d'entreprises qui marche !

Responsable de l’Ouvre-Boîte, une pépinière d'entreprises lancée par Apprentis d’Auteuil à Marseille en 2015, Samir Tighilt lance sa deuxième promotion en diversifiant ses propositions. Interview d'Agnès Perrot

L'Ouvre-Boîte a été créé il y a un an, pouvez-vous nous en dresser les grandes lignes ?

Initié en juin 2015 à Marseille, l'Ouvre-Boîte est un dispositif d’accompagnement sur la durée à destination de jeunes de moins de trente ans faiblement qualifiés, qui se lancent dans la création d'entreprise. Notre pépinière n’est pas une structure de plus. L’idée était de trouver des solutions pour ce profil de jeunes par une approche originale que nous avons imaginée en amont. Nous travaillons par filières (restauration, bâtiment, export, etc.) et proposons à chaque jeune qui rentre à l'Ouvre-Boîte après sélection, une formation sur douze semaines au management d'entreprise. Cette étape est suivie d’une période d’essai en situation réelle, avec un lieu physique éphémère pour tester son activité et un appui à la levée de fonds. 

C'est-à-dire ? 

En fait, l'Ouvre-Boîte est un programme complet de formation et d’accompagnement destiné à garantir un taux de 80% de survie à trois ans de ces jeunes entreprises. Nous visons quatre promotions par an, avec pour moitié, une population de femmes. Tous les jeunes ont des atouts pour réussir, un talent, des idées, et parfois, un projet qui attend d’être consolidé et porté. L’objectif est de rendre accessible le vocabulaire et les concepts économiques pour accompagner la progression de chaque projet. Autre atout, un chef d’entreprise ou cadre dirigeant référent accompagne bénévolement chaque entrepreneur en lien avec les responsables de l’Ouvre-Boîte. 

Un an après l’ouverture, quel bilan tirez-vous ? 

Jeune femme en formation bâtiment à l'Ouvre-Boîte, session 2015-2016. © Besnard/Apprentis d'Auteuil

Le bilan est très positif et vraiment au-delà de toute attente. On a accompagné 24 projets, dont 22 continuent d’avancer, avec de très belles réussites (cf.ci-dessous). Je pense qu’un de nos secrets, c’est le sur-mesure dont nous faisons bénéficier nos jeunes entrepreneurs, avec un accompagnement personnel à la carte, une mise en situation rapide et un soutien constant dans la durée. Notre objectif est bien de faire le pari du meilleur pour ceux qui n’ont rien.

Quelques exemples de réussite ? 

Je pourrais vous en citer pas mal ! Comme Abdoulaye Fassassi, 26 ans, qui avec sa société Massilia car, propose à la location de petits véhicules pour des visites autoguidées de Marseille. Grâce à l'Ouvre-Boîte, il a bénéficié d'une formation où il a pu tester son projet en plein centre-ville. Autre exemple, Melina, une jeune maman de la Maison de familles avec très peu de ressources, dont le souhait était de monter une activité dans le secteur de la restauration. Grâce à l’Ouvre-Boîte, elle a pu concrétiser son désir et dès fin novembre, elle va pouvoir démarrer l’exploitation d’un restaurant. On a monté le projet ensemble. Son rêve prend forme.
A l'Atelier des chefs de Rueil-Malmaison, une formation d'excellence avec des chefs reconnus. © JP Pouteau/Apprentis d'Auteuil

Vos projets pour cette année ? 

Ils ne manquent pas ! Pour cette deuxième saison, nous lançons quatre formations d’une douzaine de jeunes entrepreneurs que nous allons suivre et faire progresser dans quatre secteurs professionnels différents. La première, la Boîte à étoiles, a déjà démarré. Elle s’adresse à des jeunes femmes passionnées de cuisine. Les candidates ont été sélectionnées à l’issue d’un concours culinaire organisé à Marseille pour suivre une formation intensive à l’Atelier des chefs de Rueil-Malmaison, partenaire du projet. Elles vont ensuite bénéficier d’une formation en business plan et huit d’entre elles se verront alors offrir neuf mois de test pour leur projet dans un restaurant éphémère.

Autres propositions, une formation aux métiers du second œuvre à destination de femmes, Chantier O féminin, qui s'ouvre ces jours-ci. Il faudrait encore citer Skola (dispositif qui allie la gestion pratique d'une boutique et la formation théorique qui l'accompagne), une formation dans le secteur de la vente-conseil. Et le projet L’Hôtel Ecole, destiné à de jeunes serveurs qui pourront bénéficier d’une expérience internationale au sein de l’Ecole Paul Dubrule, un établissement prestigieux situé à Siem Reap, au Cambodge !

Pourquoi travaillez-vous avec ces jeunes ? 

J’ai moi-même grandi dans les quartiers nord de Marseille, et après mon bac, j’ai poursuivi avec une école de commerce et un DESS, avant de me lancer dans le monde de la banque puis de reprendre une entreprise en mauvaise passe… Le contexte de vie de ces jeunes, je le connais ! C’est pour cela que je pense important d’y aller "directement" avec eux, avec un rapport d’égal à égal et une mise en situation réelle très rapide. Mon but est vraiment de leur donner l’opportunité de pouvoir faire le pari du meilleur en étant suivis de près pour mener à bout leur projet. Je m’éclate tous les jours à imaginer des solutions avec eux ! On trouve ensemble des réponses et si on bosse, on peut vraiment faire bouger les lignes ! Je leur dis souvent que si j’ai réussi, ils peuvent en faire autant !