Alexandra Pereira, une main tendue aux jeunes sortants de l’Aide sociale à l’enfance

Plus jeune, Alexandra Pereira n’avait jamais entendu parler d’Apprentis d’Auteuil… même en vivant à 16 km de Monthermé et de la Maison d'enfants (MECS) Don Bosco. Mais il lui a suffi d’un stage pour qu’elle y découvre la fondation et se sente dans son élément. « Étudiante à l’école d’éducateurs spécialisés de Virton dans les Ardennes belges, j’ai effectué mon dernier stage à Don Bosco, en 2004. Cela m’a beaucoup plu, se souvient-elle. Alors quand une offre d’emploi est parue durant l’été, j’ai tout de suite postulé. Avec toute la fougue et l’énergie d’une jeune diplômée, j’avais envie de commencer mon parcours professionnel avec les jeunes. Je me sentais bien avec eux. Utile. »
Au terme d’un CDD d’un an en soutien scolaire auprès des 6-11 ans, Alexandra est engagée comme éducatrice spécialisée au sein de l’équipe du week-end. Elle travaille avec tous les groupes de la Maison d'enfants, des garçons et des filles âgés de 6 à 18 ans. « À ces jeunes comme à ceux de La Touline que j’accompagne aujourd’hui vers l’autonomie, j’ai toujours transmis le même message, reconnaît Alexandra. Faites-vous confiance. Ce n’est pas parce que vous avez connu des échecs que vous n’allez jamais réussir. Entourez-vous de personnes positives, bienveillantes et osez. Qui ne tente rien n’a rien ! »

Une présence, une écoute auprès des plus fragiles

Fin 2019, La Touline ouvre ses portes à Charleville-Mézières, avec le soutien du Conseil départemental. Le dispositif accompagne dans un premier temps les jeunes sortants de la MECS Don Bosco puis, quelques mois plus tard, s’ouvre à tous les jeunes sortants du département. Le temps de mieux cerner le poste de coordinatrice et les missions, Alexandra propose sa candidature : « J’ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure ! »
La mission de La Touline d’Apprentis d’Auteuil-Ardennes ? « Nous accompagnons vers l’autonomie les jeunes sortants des dispositifs de l’Aide sociale à l’enfance qui le souhaitent, parmi les plus fragiles. Ceux qui sont sans famille, sans réseau, sans repère et qui risquent de se retrouver dans des situations problématiques, résume Alexandra. Nous recevons autant de filles que de garçons, âgés d’une vingtaine d’années en moyenne. Il nous faut leur éviter d’entrer dans un cercle infernal : sans logement, impossible d’avoir un lieu à soi pour réfléchir, s’inscrire dans une formation, chercher et trouver un emploi, avoir un revenu, payer un loyer, etc. »
Les jeunes peuvent trouver auprès d’Alexandra une présence, une écoute, un avis ou un conseil pour les conforter dans un choix, les soutenir dans une prise de décision… La coordinatrice met à leur disposition son réseau de partenaires (centre d’hébergement et de réinsertion sociale, mission locale, Restos du cœur, épiceries solidaires…). « L’essentiel est de permettre à chaque jeune de reprendre pied, à son rythme. Nous échangeons pour trouver ensemble des solutions sur-mesure à un problème de logement, de santé, d’emploi, de mobilité, de démarches administratives, etc., explique-t-elle. Certains peuvent se dire avec La Touline, on est toujours dans l’aide et dans l’accompagnement. Mais la vie est extrêmement compliquée quand, à 18 ou 21 ans, on se retrouve seul. Chacun de ces jeunes a besoin de temps pour se trouver et construire son avenir. »

Des solutions construites avec chaque jeune

Beaucoup vivent dans la précarité et l’angoisse du lendemain. Pour nombre d’entre eux, l’attachement au territoire est si fort qu’ils ne peuvent envisager de s’en éloigner pour trouver un emploi. Cette diversité de profils nécessite d’agir au plus près des besoins de chacun et de proposer un accompagnement personnalisé. Alexandra Pereira leur ouvre les portes, sans porter aucun jugement. Elle se souvient en particulier d’Hacya, une jeune maman isolée de 22 ans, sans aucune famille pour l’épauler. Elle voulait suivre des études d’infirmière, tout en s’occupant de sa petite fille. L’accompagnement s’est porté principalement sur les démarches pour obtenir un logement ainsi que des aides financières pour la garde de sa fille, et l'inscription à l’école d’infirmière. Sans oublier le soutien moral pour éviter à Hacya de flancher et lui permettre de réaliser son rêve. « Je suis là pour chaque jeune, à son écoute, conclut-elle. En se faisant confiance et en étant soutenu, chacun peut trouver une solution à toute difficulté a priori insurmontable. Je veux redonner cette chance aux jeunes sortants de l’ASE ! »