Vie de la fondation

Droits de l'enfant : des écoliers font entendre leur voix

La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) fête ses 31 ans le 20 novembre. Elle reconnaît pour chaque enfant le droit à vivre, se développer, apprendre… et faire entendre sa voix. Un droit que les enfants de l’école primaire Pier-Giorgio-Frassati découvrent tous les jours, en participant à la vie de l’établissement d’Apprentis d’Auteuil situé au Vésinet, dans les Yvelines.

« Silence, le conseil est ouvert. Je vous rappelle les règles, on ne se moque pas, on écoute celui qui parle, on demande la parole. » Ainsi commencent les conseils hebdomadaires qui se tiennent tous les vendredis matin dans les classes de l’école Pier-Giorgio Frassati. Depuis 10 ans, l’établissement d’Apprentis d’Auteuil pratique la pédagogie institutionnelle en incitant les enfants à être acteurs de leur scolarité, et ce conseil hebdomadaire en est le pilier.  « On commence par dire si la semaine s’est bien passée, puis on ouvre la boîte à propositions. On lit tous les papiers que les enfants ont déposé, avec des idées pour la classe ou pour l’école. On en parle puis tout le monde vote, les adultes comme les enfants, pour savoir si on mettra l’idée en place ou pas », raconte Florian, 10 ans, et élève de la classe "ferme".  

Des droits et des devoirs graduels

« Un jour, un petit garçon a proposé de regarder le film “Hors”-Normes” dans une classe qui accueille deux enfants autistes. Un autre, une petite fille a suggéré de construire un poulailler. Nous tombons parfois sur des idées farfelues, on en discute et on ajuste, mais la plupart du temps, nous essayons de les intégrer au projet de l’établissement », précise Maxime Michel, directeur de l’école primaire.  Viennent ensuite le temps des félicitations, du cahier des plaintes puis des ceintures de comportement, deuxième pilier de la pédagogie institutionnelle. « Nous avons mis en place un système de ceintures de couleurs calquées sur celles du judo. Du blanc au noir, chaque élève passe des niveaux qui lui confèrent des droits et devoirs spécifiques. On balaie la semaine ensemble, et le groupe vote pour décider si l’enfant monte ou redescend d’un niveau. »
La voix des adultes pèse autant que celle des enfants. « Nous sommes les chefs d’orchestre, mais c’est leur conseil, rappelle Maxime Michel. Un enfant peut d’ailleurs présider cette instance s’il est ceinture marron ou noire. »

Une éducation à la citoyenneté

Florian, 10 ans, élève à l'école Pier-Giorgio-Frassati au Vésinet (78) (c) Apprentis d'Auteuil
Florian, 10 ans, élève à l'école Pier-Giorgio-Frassati au Vésinet (78) (c) Apprentis d'Auteuil

« On ne demande presque jamais l’avis des enfants. Ici, on peut donner son avis, des idées, s’exprimer », s’enthousiasme Florian. Ici, on apprend à devenir citoyen pourrait-on ajouter. 

« On leur inculque les droits, les devoirs, la notion de confiance. On leur apprend aussi à développer des idées, les exprimer, argumenter... tout en respectant les opinions des autres et les règles de la collectivité », rappelle Maxime Michel.

Mais cela ne vient pas du jour au lendemain loin de là. « C’est un apprentissage, une éducation, explique-t-il. Nous commençons l’année par plusieurs conseils fictifs, pour apprendre à exprimer ses idées, et débattre sans virer au règlement de compte généralisé. Nous utilisons une panoplie d’outils, comme le bâton de parole, le temps que les enfants apprennent à écouter celui qui parle ! ». 

La fin de la récréation a sonné. Le directeur retrouve sa classe. Un élève propose du gel hydroalcoolique à tous ses camarades, le dernier “métier” suggéré dans la boîte à propositions du conseil hebdomadaire.