Image d'un jeune avec un slogan
Plaidoyer

Proposition #18 : favoriser l’éducation des jeunes à la citoyenneté

Pour permettre aux jeunes de prendre pleinement leur place dans la société, Apprentis d’Auteuil propose dans son livre blanc de mener des actions en faveur de l’éducation à la citoyenneté dès le plus jeune âge. Explications.

Quatre jeunes sur dix (43%) seulement se disent certains d’aller voter à la prochaine élection présidentielle  indiquait un sondage réalisé par BVA pour Apprentis d’Auteuil en novembre dernier (1). « Pendant leur campagne, ils (les candidats) promettent des choses qu’ils disent qu’ils vont faire pendant leur cinq ans. Après, ils ne le font pas ! », regrettait un jeune lors de la grande concertation organisée pendant un an par Apprentis d’Auteuil pour rédiger son livre blanc « Prendre le parti des jeunes » publié le 7 décembre dernier. Les jeunes ne sont d’ailleurs qu’un tiers (34%) à avoir le sentiment que les hommes et les femmes politiques tiennent compte de leur avis, apprenait-on dans ce même sondage. Or, comment peut-on construire la société de demain en l’absence de ceux qui en seront les principaux acteurs ? Pour renouer le fil entre les jeunes et la politique, pour les inciter à prendre la parole sur les sujets qui les concernent et à s'impliquer dans la vie de la cité, il est indispensable de sensibiliser ces futurs citoyens à ces sujets dès le plus jeune âge. 

Parmi les 20 mesures mises en avant dans son « Petit bouquin d’utilité publique », Apprentis d’Auteuil propose ainsi de « multiplier des actions en faveur de l’éducation à la citoyenneté au sein des établissements scolaires ou d’accueil. » Un moyen efficace pour permettre aux jeunes de mieux connaître les institutions de leur ville (conseil municipal des jeunes, conseil de classe) ou de leur pays (associations, assemblées, CESE), leurs devoirs et leurs droits (convention internationale des droits de l’enfant), et le monde qui les entoure (action de solidarité, échanges européens, chantiers internationaux).

Une proposition née d’expériences menées à Apprentis d’Auteuil

-À la Maison d’enfants Saint-Paul à Meudon (92), les jeunes âgés de 12 à 18 ans participent tous les soirs à un temps de parole, animé par des éducateurs. Dans les lieux de vie, le débat est lancé sur un thème déterminé par les éducateurs ou autour de la question d’un jeune. Exemple : « Pourquoi faire une minute de silence en France alors qu’il y a tous les jours des morts dans le monde entier ? » Dans un autre, les jeunes reviennent sur l’actualité, regardent les journaux télévisés ou lisent « Mon quotidien », un journal pour enfants/ados.  « Nous encourageons les jeunes à mieux connaître la géopolitique, les institutions, leurs droits et leurs devoirs, à prendre des responsabilités dans ces microsociétés que sont les lieux de vie, à respecter l’avis des autres, souligne un éducateur. Et, bien sûr, à corriger certaines idées préconçues. » 

l’école Giorgio Frassati du Vésinet (78), anciennement Saint-Charles, les élèves se réunissent tous les vendredis en conseil pour faire un bilan et tenter de résoudre toutes sortes de problèmes, des différends entre élèves en classe au poids des cartables : « Le conseil d’enfants est l’un des multiples outils que nous leur proposons pour qu’ils prennent la parole et influent directement sur la vie de leur école, explique Maxime Michel, enseignant et directeur de l’école. Cette initiative a réellement pacifié l’ambiance. » 

Du côté de la Maison d’enfants Saint-Charles, voisine de l’école, la démocratie est tout aussi vivante : enfants, éducateurs et/ou chefs de service et directrice se retrouvent régulièrement pour participer à différentes instances : groupes de parole, conseils d’enfants, conseil de Maison ou commission menu. « À chaque réunion, nous désignons un président de séance, un secrétaire, un rapporteur et nous parlons de tout, des lignes du terrain de foot dans la cour aux problèmes de violence », explique, la directrice. « Les enfants prennent ces instances très au sérieux », note une éducatrice. « Nous leur expliquons aussi que certaines choses ne sont pas réalisables en leur disant pourquoi. C’est un moyen pour que les enfants expérimentent la citoyenneté très concrètement. »

-L’accueil de jour Roger Derry à Thiais (94) a, lui, mis en place un atelier pour travailler autour de l’actualité. Les 13-16 ans lisent des journaux, visionnent des documentaires, apprennent à argumenter. Derniers débats ? La liberté d’expression, les discriminations. « L’objectif est d’aider les jeunes à réfléchir et à se forger une opinion, premiers pas pour qu’ils se sentent concernés par ce qui se passe autour d’eux, et pour qu’ils puissent se mobiliser », souligne Alice Limousy, chef de service éducatif.

-Chaque année, plusieurs centaines de jeunes d’Apprentis d’Auteuil partent en Europe pour des échanges ou des stages en Europe. Certains vont également participer à des chantiers de solidarité en Afrique, en Amérique, en Europe ou en Asie. Là-bas, jeunes Français et jeunes locaux travaillent par exemple à la rénovation d’une école et vivent ainsi une expérience irremplaçable. Une manière très concrète d’expérimenter la solidarité et de découvrir d’autres cultures.

(1) Enquête réalisée en ligne par l’Institut de sondage BVA pour Apprentis d’Auteuil du 7 au 15 novembre 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 1000 jeunes de 17 à 24 ans.