Redonner le goût d’apprendre à l'école

Pour la plupart des enfants, la rentrée scolaire constitue un moment de joie qui signe les retrouvailles avec les copains. Mais lorsqu’on est nouveau, le jour J peut s’avérer très intimidant. C’est le cas pour Thierno, 8 ans, accompagné de Maimouna, sa maman, qui fait ses premiers pas dans l’annexe de l’école élémentaire Pier-Giorgio-Frassati d’Apprentis d’Auteuil à Saint-Cyr-l’École (78). Elle accueille une quarantaine d’enfants de 6 à 12 ans en situation de décrochage scolaire précoce pour les aider à reprendre goût à l’école. Moussa, 10 ans, frère de Thierno, y fait sa troisième rentrée et a osé une pointe d’extravagance vestimentaire : « J’ai mis un nœud papillon pour être beau le premier jour de classe », confie-t-il avec un grand sourire. 

Troubles des apprentissages

En ce début d’après-midi, sous un soleil radieux et après un mot de bienvenue de Maxime Michel, le directeur, les enfants se répartissent non pas par classe mais par groupes de niveaux incluant tous les âges. Les trois enseignantes, qui se partagent les enfants en petits effectifs (13 à 15 enfants), sont épaulées par des éducateurs et des Accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). À Thierno comme à tous les enfants du premier degré qui présentent un retard scolaire, des difficultés d’apprentissage, des troubles du langage, de l’attention et/ou du comportement, un manque d’autonomie ou de persévérance, l’école Pier-Giorgio-Frassati au Vésinet et son annexe à Saint-Cyr l’École proposent ainsi une pédagogie innovante visant à développer le savoir-être et le savoir-faire de chaque élève.

Liberté pédagogique

Thierno s’installe au premier rang sous le regard bienveillant de Marie Schindler, son enseignante référente. Lorsqu’on lui demande s’il va se plaire ici, il répond : « Je ne sais pas. On va voir », faisant comprendre qu’il lui faudra un peu de temps pour trouver ses marques. En cette journée de rentrée, Marie propose aux enfants de créer des étiquettes à leur prénom pour personnaliser la rangée de porte-manteaux. Ce qu’elle aime ici ? « La liberté pédagogique. Les enfants ont simplement besoin qu’on leur redonne le goût d’apprendre. » Les matins sont consacrés aux enseignements principaux (mathématiques, français, anglais), par groupes correspondant à des paliers d’apprentissage et les après-midis aux activités ludiques ou créatives. 

La responsabilisation de chaque élève, une pédagogie de projet où les compétences sont abordées de manière motivante pour chaque élève, des ateliers de médiation artistique et des liens étroits avec la famille constituent les clés du succès de cette école dévolue au raccrochage scolaire. « Nous avons également créé des classes à thème (foot, vie d’une ferme, cinéma…) pour redonner confiance et motivation à des enfants en difficulté dans le système scolaire classique, explique Maxime Michel. Cela leur permet de rentrer dans les apprentissages de manière plus ludique et stimulante. Ce sont des enfants qui ont subi l’école. Ici, il faut qu’ils comprennent que c’est leur école et qu’ils en sont les acteurs », souligne-t-il. 

Privilégier le lien avec la famille

Moussa a des troubles de l’attention, tandis que son petit-frère, Thierno, qui a été orienté ici par l’un des enseignants de son école de secteur, présente, lui, des troubles du comportement. « Thierno gère mal sa colère. À la moindre frustration, il s’énerve et cela prend des proportions démesurées. Dans son école précédente, avec les autres enfants, ce n’était plus gérable », explique sa maman. Ce qu’elle apprécie ici ? « L’équipe est attentive à l’enfant, à sa problématique, à ses besoins et reste toujours en lien avec les familles. » Les ceintures de comportement sont également un outil pédagogique très prisé par la maman. « Chaque fin de semaine, les enfants reçoivent une ceinture, avec une gradation de couleur similaire à celle du judo, en fonction de leur comportement », explique-t-elle. 

La verte leur donne un permis de circuler dans l’école notamment à l’heure de la récré. C’est justement l’heure de laisser les enfants s’amuser dans la cour. Thierno s’apprête à donner le coup d’envoi d’une partie de foot, bon moyen pour se faire de nouveaux copains et copines. Pour lui cette année constitue un tremplin avant de retourner dans une école classique en fin d’année. « L’objectif est de permettre à chacun, à terme, de réintégrer le cursus ordinaire ou de travailler une orientation adaptée », conclut Maxime.