Education et scolarité
19 avril 2019

Lutte contre le décrochage scolaire : Apprentis d'Auteuil relève le défi

La douzième Journée nationale du refus de l’échec scolaire souligne l’importance de l’accompagnement individualisé pour soutenir les élèves les plus fragiles. Cet axe est particulièrement développé par les dispositifs innovants mis en place par Apprentis d’Auteuil. Exemple avec le dispositif Défi, en Eure-et-Loir, alliant les forces des équipes du collège, du lycée et de l’internat.

Depuis quelques années déjà, les établissements Notre-Dame, situés près de Chartres, s’interrogeaient sur la meilleure façon de raccrocher les élèves aux apprentissages. Au cours de leur cursus scolaire, de nombreux jeunes peinaient en effet du fait de leurs difficultés de compréhension, de leur comportement, de leurs blocages. Ou d’un besoin d’y voir plus clair sur leur orientation. Les équipes pédagogique et éducative ont donc décidé de créer le dispositif "Défi" pour Dispositifs éducation, formation, internat.

Une prise en charge sur-mesure

Jimmy Joly présente la semaine aux trois élèves venus au dispositif du lycée horticole et paysager.
Jimmy Joly présente la semaine aux trois élèves venus au dispositif du lycée horticole et paysager.

Défi rassemble sous sa bannière trois dispositifs, proposés par chacun des établissements scolaires du site : le collège Saint-François, le lycée professionnel Notre-Dame, le lycée horticole et paysager Notre-Dame des Jardins. Jimmy Joly, responsable pédagogique et coordinateur de Défi, explique : « Nous constations qu’un certain nombre d’élèves décrochaient en cours d’année car ils n’allaient pas bien. Ou que certains étaient exclus suite à un conseil de discipline. Il fallait un sas, une prise en charge plus individualisée pour raccrocher ces élèves et éviter les ruptures dans les parcours scolaires. » 

À la fois liés et complémentaires dans leur prise en charge, ces dispositifs accueillent des jeunes scolarisés sur place ou, de façon plus marginale, venant d’établissements hors Apprentis d’Auteuil. Des passerelles sont possibles entre chacun, en fonction du profil et de l’évolution de l’élève. Défi bénéficie du soutien du Fonds social européen, au titre de la lutte contre le décrochage scolaire.

Souplesse et réactivité

Chaque dispositif accueille l’élève à la demande, après évaluation de ses besoins par les enseignants. Et par groupes de 5 à 10 élèves, un petit effectif qui permet un travail individualisé. Il peut s’agir de comprendre davantage les enseignements généraux, d’approfondir des points particuliers des matières vues en classe, de retravailler un projet d’orientation, de s’octroyer un temps pour respirer avant de revenir, plus apaisé, en classe...
Maîtres-mots : souplesse, réactivité. Et mise en confiance : les équipes s’appuient sur les forces des élèves pour les aider à progresser. « Les jeunes s’y rendent volontiers car ils en comprennent l’intérêt et savent que ce soutien privilégié va les aider », précise Jimmy Joly.

Le rôle-clé de l'Internat éducatif et scolaire

Dans le bureau de Mathieu Lorioux, chef de service à l'IES Saint-François
Dans le bureau de Mathieu Lorioux, chef de service à l'IES Saint-François

L’accompagnement est également renforcé par l’internat éducatif et scolaire (IES). « Il a toute sa place dans cette remobilisation, car l’insertion est aussi sociale, note Mathieu Lorioux, chef de service à l’IES du collège Saint-François. Le jeune rencontre les éducateurs de l’internat et ceux du dispositif pour évaluer ses besoins. Nous insistons sur les paliers d’autonomie – se lever le matin, préparer son cartable – correspondant à la capacité à se prendre en main. »

Un cadre pour une meilleure concentration

Kylian termine son oeuvre sous l'oeil attentif de Julio Correia, éducateur technique à l'atelier bois
Kylian termine son oeuvre sous l'oeil attentif de Julio Correia, éducateur technique à l'atelier bois

Chacun des trois dispositifs possède ses propres caractéristiques.

  • Celui du collège travaille particulièrement les problèmes de comportement, d’attitude en classe, d’interaction sociale. On y aborde également les troubles alimentaires ou du sommeil, l’addiction aux écrans. Au programme : des cours dans les matières principales, mais aussi la création d’un potager et des temps à l’atelier bois. Il s’agit de rendre les apprentissages les plus concrets possible. Kylian, 13 ans, scolarisé en 5e, raconte : « En classe, je n’étais pas concentré et je n’avais pas confiance en moi. C’est ma troisième semaine ici. On a droit à l’erreur, j’en ai fait et cela m’apprend ! On ne fait pas tout le temps la même chose, alors on ne se lasse pas. J’aime bien travailler de mes mains à l’atelier bois. » Objectif : réintégrer la classe au plus vite, après un temps plus ou moins long.
  • Au lycée professionnel, les jeunes travaillent leur projet et leur comportement. Certains sont aussi décrocheurs, en difficulté familiale et sociale, et bénéficient de soutien scolaire. Astrid Soudet, référente, explique : « Nous les accueillons à temps plein ou par séquences. Il s’agit à la fois de créer un climat de confiance et de poser un cadre. »  Gaëtan, en 3è prépa pro, affirme : « J’ai accepté de venir ici pour retravailler toutes les matières pour le brevet. C’est plus calme qu’en classe, et c’est mieux pour se concentrer. Je pensais que cela m’aiderait, mais pas autant ! »
  • Enfin, le dispositif du lycée horticole a pour objectif d’aider le jeune à trouver sa voie professionnelle dans les cinq formations proposées, mais aussi d’ouvrir à d’autres métiers. Amandine, 18 ans, en CAP fleuristerie, y travaille son projet : « Ici, les adultes m’ont beaucoup aidée, ils m’ont fait avoir confiance en moi. La fleuristerie, c’est toute ma vie ! J’adore créer, composer des bouquets. J’ai eu tellement de difficultés pour obtenir ce que je veux. Aujourd’hui, j’ai de la joie, car j’ai fait un parcours incroyable ! »

Autre défi à relever pour les équipes, permettre aux élèves de rebondir, sans s’installer trop longtemps dans le « confort » de ce dispositif. Christophe San-Juan, éducateur, conclut : « Nous définissons avec chaque jeune un objectif principal et des étapes pour y arriver. Ils doivent aussi comprendre que les règles sont indispensables pour vivre ensemble et s’insérer dans la société. »