Monique Balloy, cheffe d'établissement, et Charles-Antoine, jeune de la 3e prépa-métiers du lycée professionnel Sainte-Thérèse à Paris
Education et scolarité

La 3e prépa-métiers : une classe pour trouver sa voie

Comment faire pour que la formation professionnelle soit un choix assumé et positif pour les jeunes ? En leur donnant le temps de découvrir des métiers et de choisir leur orientation dans des classes de 4e ou 3e prépa-métiers ouvertes dans des lycées professionnels. Explications de Monique Balloy, cheffe d’établissement des lycées professionnel et technologique Sainte-Thérèse à Paris, et témoignage de Charles-Antoine, 15 ans, en 3e prépa-métiers.

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Dans des lycées professionnels d'Apprentis d'Auteuil, les 4e et 3e prépa-métiers donnent aux jeunes le temps nécessaire pour découvrir des métiers et trouver leur voie. Exemple au lycée Sainte-Thérèse à Paris.

À qui s’adresse votre classe de 3e prépa-métiers ?

À des filles et à des garçons de 14-15 ans qui ont suivi les 6e, 5e et 4e dans des établissements hors Apprentis d’Auteuil. En fin de 4e, sur proposition du conseil de classe et après examen de la demande par une commission académique, ils viennent en 3e prépa-métiers pour travailler leur orientation et découvrir des métiers, tout en suivant les enseignements de la classe de 3e.

Quel est le profil de ces jeunes ? 

Pour la plupart, ils ont des difficultés à donner du sens aux apprentissages scolaires et ne savent pas pourquoi ils vont à l’école. Leurs résultats scolaires sont souvent trop fragiles pour envisager une classe de 3e ordinaire. À leurs difficultés scolaires s’ajoutent parfois des difficultés sociales et familiales (famille monoparentale, parents séparés...) qui les fragilisent.

Quel est l’objectif de cette classe ? 

Permettre à ces collégiens de découvrir leurs talents, leurs compétences, le champ de leurs possibles. Un collégien peut être manuel, un autre artiste, un autre encore sportif ou intéressé par le social sans savoir, concrètement, quelle formation ou quel métier choisir. À nous communauté éducative d’accompagner chacun dans son projet d’orientation.

Comment s’organise l’enseignement ? 

Outre les 25 heures hebdomadaires d’enseignements dans les matières fondamentales (français, mathématiques, histoire-géo...), les collégiens découvrent des métiers et des formations professionnelles (5 heures hebdomadaires), celles enseignées au lycée professionnel (bac pro métiers de l’électricité et de ses environnements connectés) et technologique (bac techno sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) Sainte-Thérèse. Les jeunes effectuent également trois stages d’une semaine en immersion dans des entreprises. Ils passent le brevet des collèges, l’attestation de sécurité routière (ASSR2) et la certification Pix pour évaluer leurs compétences numériques. Cette année, ils ont rencontré des entrepreneurs et dirigeants chrétiens dont certains sont devenus des parrains. Ensemble, ils ont visité les ateliers de la Monnaie de Paris.

Quel accompagnement proposez-vous ? 

À Sainte-Thérèse, les enseignants et les éducateurs font équipe autour des 3e prépa-métiers. Ils fondent beaucoup d’espoir en eux. À l’écoute, ils maintiennent le cadre scolaire et éducatif, et mettent tout en œuvre pour qu’ils puissent l’année suivante préparer un CAP, un bac professionnel ou technologique. Certains poursuivent des études en filière générale. En fonction de leurs besoins, ils peuvent être accueillis à l’Internat éducatif et scolaire de Sainte-Thérèse. Notre objectif est que chaque jeune de cette classe reprenne confiance, évolue à son rythme, retrouve le goût d’apprendre et construise un projet professionnel.

Charles-Antoine, jeune de la 3e prépa-métiers du lycée professionnel Sainte-Thérèse à Paris
Charles-Antoine, 15 ans, jeune de la 3e prépa-métiers - © Geoffroy Lasne/Apprentis d'Auteuil

Charles-Antoine : « La 3e prépa-métiers ? Une bonne expérience ! » 

« Mes parents ont décidé que je devais faire la 3e prépa-métiers. Ils y sont allés franco : Tu arrêtes le basket un moment pour te concentrer sur tes études ! Les profs me disaient que je ne travaillais pas assez. En fait, je n’étais pas motivé. Après les cours, je jouais au basket et j’arrivais tard à la maison pour réviser et entamer une bonne journée le lendemain. Le week-end, je disputais le championnat de France mineurs avec mon club, Club Paris Basket 14. J’ai accepté la 3e prépa-métiers en me disant que cela pouvait être une bonne expérience. 
Au début, je n’avais pas le sourire facile, je ne me montrais pas, je discutais avec peu de gens. Madame Balloy, la directrice, ne m’a pas lâché. Elle m’a régulièrement parlé de ce qui allait et de ce qui n’allait pas. Elle m’a beaucoup aidé. Mes stages en entreprise m’ont beaucoup apporté. En 3e prépa-métiers, j’ai aussi rencontré un entrepreneur qui a travaillé dans le luxe. Il est devenu mon parrain. Après notre visite à la Monnaie de Paris, il m’a demandé ce que je voulais faire plus tard et comment il pourrait m’accompagner. Il voulait m’aider à avancer dans mon projet. 
Résultat, je me suis plus engagé en classe, j’ai obtenu une moyenne de 14/20. À l’IES, je me suis senti comme dans une famille. Du coup, mes parents m’ont autorisé, en mai, à reprendre les entraînements de basket. Ils sont fiers de moi.
À la rentrée, je veux rester au lycée professionnel pour préparer le bac technologique techno sciences et technologies de l’industrie et du développement durable. 
Mon rêve est soit de préparer un master ventes soit d’entrer dans un centre de formation pour devenir basketteur professionnel dans le club de l’ASVEL de Lyon-Villeurbanne.
Si j’avais un conseil à donner à d’autres jeunes, je leur dirais de s’informer auprès des plus grands - jeunes et adultes - pour savoir comment ils ont fait pour trouver leur chemin. Et surtout ne jamais baisser les bras. »