Education et scolarité

Covid-19 : comment maintenir le lien avec les élèves ?

Depuis le 16 mars, tous les établissements scolaires d'Apprentis d'Auteuil sont fermés, comme le sont tous les établissements en France. Comment les enseignants parviennent-ils à faire travailler les élèves à distance et à maintenir le lien avec eux dans ces circonstances exceptionnelles ? Eléments de réponse dans un collège à Nogent-sur-Oise et dans une école primaire à Strasbourg.

« Le collège Marcel Callo est fermé depuis le début du mois de mars, explique Manuel Marseille, directeur de l'établissement situé à Nogent-sur-Oise. Nous devions reprendre après les vacances de février, mais l'Oise étant l'un des premiers "clusters" de France, les élèves ne sont pas revenus dans l'établissement. Depuis, nous assurons une continuité pédagogique avec les élèves. Les enseignants déposent des cours, des photos, des exercices sur la plateforme numérique de l'établissement. Au début, 80% d'élèves étaient connectés et depuis quelques jours, ils ne sont plus que 50% environ.
Certaines familles saturent, car nous avons envoyé peut-être trop d'exercices à faire les premiers jours. D'autres ne maîtrisent pas suffisamment le français pour pouvoir accompagner leurs enfants ou doivent s'occuper de plusieurs enfants en même temps. Nous avons donc décidé de réduire un peu "la voilure". L'enseignement à distance à tendance à accentuer les inégalités entre élèves  : ceux qui étaient en difficulté, le sont encore plus aujourd'hui. Il y a un réel risque de décrochage pour certains.  »

Le plus important, garder un lien

« Certains parents s'investissent beaucoup dans le suivi des élèves, ajoute Aude Vecchuitti, enseignante de français et d'histoire-géographie dans le même établissement. Une maman est même partie acheter une imprimante pour pouvoir suivre le travail scolaire de son fils ! Ces circonstances exceptionnelles nous obligent à revoir notre manière de travailler avec les élèves, surtout pour ces jeunes qui étaient déjà en difficulté avant. Nous varions les supports, faisons des QCM, raccourcissons les séquences... Nous appelons également les élèves par téléphone quand on constate qu'ils n'ont manifestement pas compris un exercice. La semaine prochaine, nous allons également essayer de faire un cours en visio conférence par petits groupes de quatre élèves. De toute façon, l'idée n'est pas d'avancer dans les programmes mais de garder un lien personnel avec tous les élèves et avec leurs familles pour qu'ils ne coupent pas le fil avec l'école.»

La situation à Strasbourg

« L'école Joie de vivre est fermée depuis le 16 mars comme toutes les écoles de France, explique Nadine Salaün, directrice de l'école maternelle et primaire qui accueille habituellement 208 enfants. Avant le départ des enfants le vendredi précédent, les enseignantes ont anticipé et leur ont donné du travail pour 15 jours. Depuis, elles scrutent les plateformes numériques pour évaluer ce que les élèves peuvent faire. Elles échangent également par mail avec les familles via leur boîte académique ou via une boîte mail spécialement créée pour l'occasion. Nous avons également mis en place une "dropbox" sur laquelle peuvent être déposés des documents. Nous ne demandons pas aux parents de remplacer les enseignants mais simplement de revoir avec leurs enfants les savoirs de base, de faire de la lecture... La difficulté est d'adapter les contenus, car certains élèves travaillent très vite alors que d'autres sont plus en difficulté, leurs parents étant moins disponibles du fait de leur travail ou se sentant un peu dépassés par la situation. Certains ont besoin d'être rassurés. »

Accueil d'enfants de soignants

Et la directrice de conclure : «  Il est important de préciser que notre établissement reste ouvert pour les élèves qui en ont besoin. Cette semaine par exemple, nous avons accueilli sur place quelques élèves dont les parents soignants sont mobilisés par l'épidémie de Coronavirus. Nous avons également accueilli in situ, en respectant les consignes de distance, des enfants de l'école qui sont aussi accueillis à la MECS Saint-François d'Assise de Strasbourg. Ils viennent une heure ou deux par jour. Ce qui permet de soulager les équipes éducatives qui doivent prendre actuellement en charge les enfants sept jours sur sept.  »