Collab École Gobelins/Apprentis d'Auteuil - Les jeunes s'exposent à la Fisheye Gallery

Depuis le début de l'année, des étudiants de l’école de la création visuelle Gobelins Paris et des jeunes du lycée professionnel Saint-Jean, à Sannois, se sont régulièrement réunis pour un projet de cocréation original et inédit. Le fruit de leur travail est à découvrir à la Fisheye Gallery à Paris du 21 au 27 novembre dans l’exposition « Les jeunes en miroir », pilotée par Fisheye, à la fois magazine de photographie contemporaine, agence et galerie.

Les œuvres ont été produites par six binômes constitués chacun d’un étudiant en photographie des Gobelins et d’un élève en bac pro artisanat et métiers d'art, option merchandisage visuel du LP Saint-Jean. Au cours d’une première rencontre, les participants, âgés de 15 à 24 ans, se sont choisis pour former un duo et lancer leur projet. « Nous leur avons laissé du temps pour qu’ils puissent travailler ensemble en toute liberté », précise Benoît Baume, directeur de Fisheye.

Un projet d'excellence

« Ce projet artistique mené avec des jeunes issus d’une école d’excellence contribue à donner à nos élèves l’ambition de l’excellence et de la réussite, souligne Dominique Lelong-André, directrice des établissements Saint-Jean à Sannois et Saint-Pie-X à Domont. C’est à la fois une reconnaissance pour eux et un moyen de valider toutes les compétences de leur formation. Ce type de projet leur permet de devenir plus matures, plus autonomes et leur donne le goût de l’effort. Ils renforcent aussi leur confiance en eux, car ils en sont fiers. »
Chaque duo a vécu une expérience originale et plurielle : celle d’une rencontre nourrie d’échanges et de la production d’images qui dévoile un regard porté sur l’autre et sur soi-même. « L’un des biais de la représentation de la jeunesse est qu’elle est produite le plus souvent par le regard d’un adulte. En faisant collaborer des jeunes, nous sommes plus proches de leur réalité », analyse Benoît Baume.

Des approches artistiques multiples

Riches de leurs formations respectives, les jeunes ont donné libre cours à leur imagination dans un entremêlement de genres et d’approches : reportages, portraits et natures mortes sont accompagnés de bandes sonores, de textes, de graphismes ou de vidéos. De cette combinaison d’univers disparates sont nées des histoires humaines et visuelles singulières et uniques.
Parmi elles, celles du duo formé par Clémence Madani, 16 ans, en bac pro et Thomas Pringault, 23 ans, en Bachelor Photographe et Vidéaste. « Nous partageons la même vision du monde, explique Clémence. Le thème du projet était la jeunesse avec une liberté de traitement. Je voulais aborder la tristesse, une émotion qui se marie avec ce qui déroule dans le monde actuellement à l’image du Covid. »

Une même vision du monde

Au fil des mois, Clémence et Thomas ont organisé deux séances photo au studio des Gobelins. De cette collaboration sont nées deux séries de portraits. L’une (voir photo d'ouverture), Mélancolie, les montre le visage enveloppé d’un drap. L’autre, Haemolacria, met en scène Clémence avec des larmes de sang. Une œuvre cathartique signée du jeune artiste. « Je souhaitais que nous puissions créer ensemble quelque chose qui nous parle à tous les deux à travers la photographie », analyse le jeune homme qui a apprécié de pouvoir faire découvrir ce medium qu’il se destine à enseigner. « J’aimais cette idée d’être en lien avec un jeune d’Apprentis d’Auteuil. La collaboration avec Clémence a été très belle. On se montrait nos dessins, assez mélancoliques, on partageait des musiques. »

Pour Clémence, l’expérience a été très enrichissante. « Ça m’a permis de découvrir la photographie et m’a aidée à être plus sociable en réalisant un projet avec quelqu’un que je ne connaissais pas. C’est une opportunité que j’ai été très contente de saisir. »