Education et scolarité

Covid-19 : maintenir le lien avec les familles au quotidien

Pour lutter contre la propagation du Covid 19, la Maison des familles de Montdidier (80) a fermé ses portes le 13 mars. Mais les professionnels, les bénévoles et les familles elles-mêmes maintiennent des liens par téléphone ou courriel. Dans un grand élan d’amitié et de solidarité.

Imaginez une cour sans les cris d’enfants, une cuisine sans le coup de feu des parents, une salle de jeux-lecture-musique sans les voix des adolescents ou des grands-parents ? Inimaginable à la Maison des familles de Montdidier, située au sud d'Amiens ! Et, pourtant depuis le 13 mars, elle a fermé ses portes et ses volets.
« Nous avons pris cette décision à la suite de l’allocution du président de la République, explique Jocelyne Drocourt, la responsable. Il soulignait que cette épidémie était la plus grave crise sanitaire que la France avait connue depuis un siècle. Personne - ni moi, ni les bénévoles, ni les familles elles-mêmes - ne voulait prendre le moindre risque.
Dès la fin du mois de février, nous avions alerté en insistant sur la responsabilité de chacun. Le virus étant très virulent, nous devions tous adopter les gestes barrières : se laver les mains, maintenir une distance d’un mètre au moins entre nous, ne plus se faire la bise. Nous avons respecté les consignes à la lettre… et pris l’habitude de nous dire bonjour avec les pieds, par un check ! »

Tous ensemble

Depuis le 16 mars, Jocelyne Drocourt, Antoine Vandame, conseiller familial, et les bénévoles de la Maison des familles prennent chaque jour des nouvelles des uns et des autres, par téléphone ou par courriel. « La Maison fermée, personne ne doit se sentir oublié, seul, abandonné, souligne la responsable. Même si cela nous manque de ne plus nous retrouver ensemble à la Maison, nous sommes là. Nous maintenons le lien. Nous pouvons compter les uns sur les autres. Le confinement qui risque de se prolonger nous interdit les déplacements et les réunions de famille, mais il ne nous empêche pas de jouer au ballon avec nos enfants dans notre cour, de faire du sport dans notre jardin, de respirer le grand air, de préparer un gâteau, de vivre une nouvelle vie en famille. »
Une nouvelle vie, une nouvelle solidarité que les familles partagent entre elles à distance. « Notre plus grande joie est de constater que les liens entre enfants, adolescents, parents et grand-parents noués avant l’épidémie se renforcent, confie Jocelyne. Les familles manifestent de la bienveillance et de la solidarité. Elles luttent, à leur manière, contre l’isolement et l’ennui par un simple coup de fil. Elles prennent des nouvelles, échangent des trucs et astuces, se remontent le moral. »

Aujourd’hui et demain

Seule incertitude ? Leurs réactions si le confinement devait être prolongé au-delà des deux semaines. « Les familles nombreuses angoissent à l’idée de ne plus voir les enfants et les petits-enfants, reconnaît Jocelyne Drocourt. C’est terrible pour elles.
Les plus démunies, sans accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, et sans ordinateur, s’inquiètent pour le suivi scolaire de leurs filles ou de leurs garçons. Elles apprécient les jeux éducatifs et de société qu’Antoine leur a apportés avant le confinement. Mais elles ne peuvent bénéficier ni de l’enseignement à distance ni de liens vers des sites éducatifs et culturels. Chaque jour, nous prenons plus que jamais le temps d’aller l’un vers l’autre. »

Émilie : « Je suis la maman, la professeure des écoles et l’orthophoniste »

« Depuis le discours du président de la République, c’est sûr que mon quotidien n’est plus du tout le même. Mais nous n’avons pas le choix. Pour ne pas mourir, nous devons rester chez nous. Confinés. Avec mes trois enfants, Ryan, 13 ans, Kylian, 10 ans et Noëline, 8 ans, nous nous levons vers 8h-8h30. Nous prenons ensemble le petit déjeuner et nous nous mettons devant l’ordinateur pour faire les devoirs à tour de rôle. L’orthophoniste a eu la gentillesse de m’envoyer, par mail, des exercices à faire avec Kylian. En fin de matinée, nous nous défoulons dans la cour ou nous jouons à Fort Boyard dans la maison. Je pense aux gens qui n’ont pas d’ordinateur ou qui n’ont pas de cour. Ça doit être horrible de tourner en rond ! En fin de matinée, je prépare à manger même si je n’ai pas très faim. Dans l’après-midi, on discute, on regarde la télé, on va dans la cour. J’appelle d’autres mamans. Les bénévoles ou Jocelyne nous téléphonent pour demander de nos nouvelles. Même si j’ai très envie de sortir pour aller voir ma mère ou aller chercher mes enfants à l’école comme d’habitude, je me dis que ce confinement est peut-être un mal pour un bien. Il peut nous donner l’envie de rebondir, d’être plus forts. »

Valérie : « J’accuse le coup du confinement mais je sais que c’est pour notre bien »

« Le plus dur pour moi c’est de ne plus pouvoir garder mes petits-enfants. Heureusement que la visioconférence existe ! Ils ne se rendent pas compte de ce qui se passe. Ils sont joyeux, pleins de vie. Ça me remonte le moral de les voir. À la maison, j’ai mes deux adolescents : Romain, 13 ans, et Théo, 17 ans 1/2. Ils suivent les cours sur Internet. Je me retrouve 24h/24 avec eux. Ça resserre nos liens. Après leurs études, on joue au Scrabble ou au Monopoly, on regarde la télé ou on va prendre l’air dans la cour.
Cela me fait mal au cœur de ne plus retrouver les autres mamans de la Maison des familles, les bénévoles, Antoine et Jocelyne, les responsables. Mais nous devons continuer à nous protéger. Nous nous appelons pour prendre des nouvelles de tout le monde. Je souhaite à toutes les mamans d’être courageuses comme j’essaie de l’être. C’est pour notre santé. C'est pour notre vie ! »