Vacances pour tous : des maisons secondaires prêtées aux familles en situation de précarité

Plouf ! En cette semaine d’août caniculaire, c’est le bruit des vacances dans le jardin d’une belle maison à Forcalqueiret dans le Var, parmi les odeurs de garrigue, le chant des cigales, à l’ombre des figuiers. « Les enfants profitent de la piscine dès leur réveil », témoigne Thérèse, la trentaine, maman de Mélina, 6 ans. En compagnie de Béatrice, la trentaine également, avec laquelle elle fréquente la Maison des familles d’Apprentis d’Auteuil à Marseille, La Halte des parents, elle séjourne dans cette résidence secondaire prêtée par Sophie et Hugues de Lambilly, ses propriétaires.

Depuis cette année, ce couple de Parisiens adhère à l’association Parents Vacances, fondée à Lyon en 2019. Comme 70 autres familles, il prête sa maison de vacances à des familles en situation de précarité et/ou d’isolement en étant accompagné et sécurisé par des partenaires comme Apprentis d’Auteuil. « Je crois aux bienfaits pour les familles de changer de lieu, de découvrir des choses ensemble, de partager des activités. Ça permet de renouveler le lien familial. Je pense que c’est précieux », analyse Sophie, 52 ans, maman de quatre filles, et qui, dans son travail, accompagne notamment des femmes victimes de violence conjugale. « Nous nous sentons très heureux d’ouvrir notre maison à d’autres familles. C’est une super initiative. Nous allons renouveler l’expérience », ajoute-t-elle. « La confiance qu’ils nous font nous touche énormément. Ils laissent leur maison à des inconnus avec leurs effets personnels. Nous faisons attention de ne pas trahir cette confiance », souligne Thérèse. « Leur générosité nous touche aussi beaucoup », renchérit Béatrice, venue avec son compagnon, ses trois enfants de 3 à 11 ans, et sa nièce de 9 ans.

Les vacances, un droit essentiel pour tous

C’est la première fois que La Halte des parents, qui organise tous les étés des séjours collectifs en Villages Vacances, met en place ce partenariat. Cette année, il a permis à 9 familles de séjourner chez des propriétaires solidaires à la campagne, en bord de mer et à la montagne.

« Les vacances, c’est essentiel. Ce n’est pas la cerise sur le gâteau. Tout le monde y a droit, quel que soit son statut socio-économique, y compris les familles en grande précarité », analyse Sylvie Davieau, directrice de La Halte des parents, qui accompagne, depuis sa création en 2009, environ 120 familles sur une année, dont la moitié sont des mamans solos. « Ce sont des familles qui vivent souvent dans des logements exigus, voire insalubres. Pouvoir partir se ressourcer, découvrir un environnement inconnu et prendre du temps en famille, voir son enfant autrement, c’est essentiel, poursuit-elle. Cela permet aussi aux enfants de répondre à la question de la rentrée : « Qu’est-ce que vous avez fait pendant les vacances ? » Cela évite ainsi qu’ils soient de nouveau stigmatisés. »

Ensemble, c’est tout

Thérèse et Béatrice voulaient passer ensemble leur unique semaine de vacances. « Je ne voulais pas partir seule en vacances avec ma fille, qui plus est dans une maison inconnue. J’avais envie de partager. Avec Béatrice, que j’ai rencontrée à la Halte des parents, je me sens en sécurité. Je suis heureuse d’être avec une amie. Cette semaine ensemble renforce nos liens et les enfants s’apprécient beaucoup », témoigne Thérèse.

Le duo fonctionne à merveille entre préparation des repas, organisation de jeux de société et de soirées festives. Pour toutes les deux, le bilan de cette semaine est très positif. « Voir les enfants s’amuser, il n’y a pas mieux », confie Thérèse, qui réside à Aubagne. Béatrice, qui vit dans un arrondissement populaire de Marseille, rebondit : « Ce n’est que du bonheur. Je suis heureuse de voir les enfants contents. » Le séjour touche à sa fin. C’est l’heure du ménage et du rangement. « Nous allons remettre la maison comme nous l’avons trouvée », souligne Béatrice qui va piquer une dernière tête. « Quand je suis arrivée, je ne savais pas nager. Au fil des jours, j’ai ôté mes flotteurs et j’ai appris toute seule », s’enthousiasme la jeune femme.