Dispositif Parent'Aise - Christine Vénard, conseillère conjugale et familiale est en entretien de conseil conjugal avec une maman
Accompagnement des parents
07 février 2025, modifié le 25 février 2025

À Marseille, un espace de répit pour parents épuisés

Havre de paix situé au cœur du 4e arrondissement de Marseille, Parent’Aise, un espace co-porté par Apprentis d’Auteuil et sa filiale Auteuil Petite Enfance, combat la spirale de l’épuisement parental de familles en situation de fragilité. Immersion. 

Afficher le résumé facile à lire et à comprendre
Situé dans le 4e arrondissement de Marseille, Parent'Aise est un lieu d'écoute créé par Apprentis d'Auteuil et sa filiale Auteuil Petite Enfance. Doté d'une micro-crèche, il aide les parents fatigués à se sentir plus forts dans leur rôle éducatif auprès de leurs enfants.

Quelques jours avant les vacances scolaires, au bas d’un immeuble du quartier de la Blancarde, en plein cœur de Marseille. L’interphone activé, la porte poussée et quelques marches montées, Sylvie Davieau, directrice des lieux, accueille le visiteur.

Nous sommes à Parent’aise, un lieu d’accueil dédié aux parents en situation d’épuisement parental, co-porté par Apprentis d’Auteuil et sa filiale Auteuil Petite Enfance. « Ici, nous offrons aux parents en fragilité un espace d'accueil pour qu’ils puissent se sentir écoutés, partager des solutions et trouver un soutien entre pairs », souligne Sylvie Davieau, également en charge de la Maison des familles attenante, à l’origine du projet

Dispositif Parent'Aise - à la micro-crèche, Julien Femenia, EJE et éducateur spécialisé
Parent'Aise, c'est aussi une micro-crèche qui permet aux enfants de s'épanouir en toute sécurité. (c) Philippe Besnard/Apprentis d'Auteuil

Prévenir l’épuisement des parents

Encore insuffisamment pris en charge, l’épuisement parental a des conséquences sur la santé mentale des parents et la relation de couple, mais aussi sur les comportements vis-à-vis de l'enfant, avec des risques réels de négligence, voire de maltraitance. 

Une femme sur trois se sent concernée par cette pathologie, qui peut mener à des situations de détresse, comme de graves dépressions ou des séparations. Les hommes sont également touchés. (1) «  Une grande fatigue physique et émotionnelle s’installe chez le parent et le fait de dormir ne lui suffit plus pour se reposer, explique encore Sylvie Davieau. S'ajoute à cela un sentiment de distanciation affective, ses pensées tournent en boucle et il vit un fort sentiment de culpabilité. »

Un lieu pensé en collectif

Ouvert depuis un peu plus d’un an, le service, installé dans des locaux agréables à vivre, agit en prévention contre ce phénomène grâce à des entretiens individuels réguliers, menés par deux conseillères conjugales et familiales. 

Il a été pensé en collectif, suite à l'observation, par les équipes de la Maison des familles, de parents qui semblaient épuisés tout en éprouvant une réticence à l'exprimer. Il fallait trouver une solution pour leur venir en soutien.  

Les parents sont adressés à Parent’aise par la Maison des familles, le bouche-à-oreille et de plus en plus de partenaires sociaux. Originalité du projet, il fonctionne en lien étroit avec une micro-crèche attenante, où les familles peuvent déposer leurs enfants jusqu’à six demi-journées par semaine.

Soutenir à la fois les parents et leurs enfants

Dispositif Parent'Aise - Alix d'Ornellas, conseillère conjugale et familiale joue avec 2 enfants dont la maman est en entretien avec sa collègue
Alix d'Ornellas, conseillère conjugale et familiale, joue avec deux enfants qui attendent leur maman, en rendez-vous avec sa collègue. (c) Philippe Besnard/Apprentis d'Auteuil

Un métier réinventé

« Il est compliqué en soi d’être parent, expliquent Alix d’Ornellas et Christine Venard, les deux conseillères conjugales. Que dire des parents porteurs de stress post-traumatique lié à l’exil, qui vivent en permanence dans l’inquiétude et, pour certains, la crainte qu’on place leurs enfants ? 

Avec ces familles, les professionnelles ont réinventé leur métier. Il leur arrive de se rendre à domicile pour des entretiens, d’accompagner les parents à des rendez-vous ou de leur parler de leurs propres difficultés de mères, pour montrer, par l’exemple, que personne n’est épargné. 

« Nous n’avons pas de baguette magique, précisent-elles. L’essentiel est que les parents arrivent à comprendre ce qui freine leur parentalité, à prendre conscience de leur héritage familial et de son impact dans l'éducation qu'ils donnent à leurs enfantsEn particulier s'ils ont été élevés dans un climat de dureté. Ou brutalement coupés de la présence de leurs propres parents. »  

Prendre conscience de son héritage familial

Au fil des séances, une prise de conscience se fait et le désir émerge chez les parents de rompre avec ce schéma. « C’est là que le travail commence, l’évolution est alors réelle », observent-elles.

Alix d’Ornellas et Christine Venard communiquent en permanence avec leurs collègues de la micro-crèche, et notamment autour des cas les plus complexes, auxquels l’équipe consacre deux heures chaque jeudi. Des temps de supervision sont animés tous les mois par un médecin psychiatre bénévole. 

Dispositif Parent'Aise - Fanta et son bébé El Hadj
Fanta, une maman suivie par le service, en pleine discussion avec son plus jeune enfant (c) Philippe Besnard/Apprentis d'Auteuil

« Nous ne sommes pas un lieu d’accueil du jeune enfant comme les autres, s’enthousiasme Julien Femenia, directeur de la micro-crèche située sur le même étage. Avec mes collègues, notre mission consiste à soutenir à la fois les enfants et leurs parents, en tenant compte de leurs histoires à chacun. » 

Bienvenus tout au long de la journée, les parents peuvent, selon les moments, déposer leurs enfants à la crèche et prendre du temps, parfois vital, pour eux.

Ou rester sur place et interagir avec leurs tout-petits, en observant les professionnels et en leur posant des questions sur la motricité, l'alimentation ou le sommeil de leurs bébés. 

Repos et apaisement

Installée dans la salle d’attente attenante, Fanta, mère de deux enfants très rapprochés, attend son rendez-vous. « J’ai découvert les lieux grâce à une travailleuse sociale, raconte la jeune maman. Je viens ici depuis plusieurs mois. Au début, je faisais même une sieste sur place, tellement j’étais épuisée. Grâce à Parent'Aise, je me reconstruis. C’est un long chemin. »

Même écho chez Cassandra, une habitante du quartier, mère de deux garçons de 6 et 3 ans. « Je suis suivie ici depuis un peu plus d’un an, confie-t-elle. Mon aîné souffre de phobie scolaire et de retards de langage. Aujourd'hui je vais mieux. Au départ hebdomadaires, mes rendez-vous se sont espacés. »

Poser un autre regard

Si pour certaines familles quelques entretiens suffisent, d’autres nécessitent un suivi plus long. Des parents viennent également travailler leur relation de couple. 

« Nous ne nous attendions pas à entendre des histoires de vie si douloureuses, concluent les professionnelles. Pour autant, la force de résilience de ces parents nous apprend à poser un autre regard sur eux, et par ricochet sur nous-mêmes. D’évidence, ils nous font grandir. » 

Depuis quelques semaines, l'équipe a  mis en place des temps collectifs réguliers autour de repas partagés. Objectif ? Tisser de nouveaux liens, dans la simplicité.

(1) étude Ifop pour l'application mobile Malo, permettant aux parents de suivre la croissance et la santé de leur bébé

UN FINANCEMENT COPORTÉ

Le financement de Parent'Aise est assuré, dans le cadre du Pacte des solidarités, par la Ville de Marseille, la CAF des Bouches-du-Rhône et le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône. Il bénéficie également du soutien de partenaires privés, tels que la Fondation Denibam, la Fondation Vinci pour la Cité, le collectif Entreprendre pour Toi, ou encore Bouygues Bâtiment sud-est.