Accompagnement des parents

Ecoutez les bébés

Dans son dernier ouvrage, Écoutez-moi grandir, la psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos se met dans la peau d’un bébé, de sa conception jusqu’à l’âge d’un an. Cela donne des pages pétillantes d’humour sur les besoins des tout-petits ! Par Amicie Rabourdin

Sophie Marinopoulos, d’où vous est venue l’idée de donner la parole à un bébé ?

Sophie Marinopoulos  (c) DR
Sophie Marinopoulos (c) DR

Cela répond à une observation de longue durée, en maternité et dans un lieu d’accueil de parents que j’ai créé à Nantes pour les parents, Les pâtes au beurre. Il y a un véritable paradoxe aujourd’hui entre la médecine de pointe autour de la maternité et la dégradation de l’état psychologique des futurs parents.
Les mères ont totalement perdu confiance en elles. Elles ont le sentiment de n’avoir pas de capacités personnelles à répondre aux besoins de leur bébé, et sont sans cesse à la quête de réponses extérieures pour savoir comment être une "bonne mère". Elles font face aux idéaux véhiculés par une société exigeante, qui cherche à rationaliser toute relation humaine et laisse à penser qu’il y a une seule manière d’être une bonne mère.
Dans cet ouvrage, il y a beaucoup de tendresse dans la façon dont ce bébé dit à sa mère : "Tout va bien, je fais ma vie de bébé. Tu pars travailler, ne t’inquiètes pas, tu m’as mis en sécurité…"

Les parents d’aujourd’hui ont-ils des difficultés différentes des générations précédentes ?

Nous vivons dans une société de consommation, de saturation et de vitesse. Pour que le bébé soit heureux, il faudrait sans cesse consommer : à trois mois, certains sont déjà en cours d’anglais ou de musique ! Cela donne une culpabilité très envahissante et anxiogène si on ne correspond pas à cette image qui est pourtant un leurre. Auparavant, l’enfant était autour de la constellation familiale, maintenant il en est le point central, tout converge vers lui.

De quoi un bébé a-t-il besoin ?

Il a besoin de sentir la présence de ses parents dans ses besoins fondamentaux. Il a aussi besoin d’avoir des temps d’autonomie, d’expérience personnelle. Si vous mettez toujours le hochet dans la main du bébé, jamais il n’aura le désir de tendre le bras pour aller le chercher. L’enjeu pour un bébé, c’est d’exister un tant soit peu par lui-même, ce qui est possible s’il sait qu’il peut toujours compter sur l’autre.

Écoutez-moi grandir
Éd. Les liens qui libèrent, 105 p., 10 € Les pâtes au beurre
57, rue Charles MONSELET, 44000 Nantes
pates.au.beurre@wanadoo.fr 02 40 16 06 52
(également à Vannes, aux Mureaux et Paris)