Accompagnement des parents

Conférences familiales : une aide pour les familles en difficulté

Largement pratiquée dans les pays anglo-saxons et scandinaves, la méthode des conférences familiales reste peu connue en France. Pourtant, elle permet aux familles en difficulté d'ordre éducatif, social, etc. de trouver des solutions à un problème, aidées par l’entourage et des professionnels. Explications de Francis Alföldi, consultant, spécialiste de la protection de l’enfance.

En quoi consistent les conférences familiales ?

Ce sont des réunions organisées entre une famille qui rencontre un problème, son entourage proche et des professionnels du travail social. Le but est que la famille prenne véritablement la décision en main. Ce qu’on appelle dans les pays anglo-saxons, l’empowerment, le pouvoir d’agir sur sa propre vie.

Quelles situations peuvent se résoudre ainsi ?

De nombreuses situations, dès lors qu’une famille est confrontée à un problème qu’elle ne peut résoudre seule. Cela peut être lié à la protection de l’enfance, aux violences conjugales, au placement d’un enfant, aux sortants de prison, au handicap, etc.
La conférence se déroule après une phase de préparation avec un coordinateur qui rencontre les membres de la famille, les prépare, met à plat les difficultés, partage les soucis communs. Cela peut durer deux mois.
Vient ensuite la conférence, en trois temps. Le premier, avec tous les protagonistes : chacun se présente, donne ses informations et son avis sur la situation. Puis la famille et son entourage se retrouvent seuls et délibèrent. Ils préparent leur plan d’action, avec l’aide, s’ils butent, du coordinateur. Dans un troisième temps, tout le monde se retrouve, discute du plan, de sa faisabilité, puis le ratifie. Trois à six mois plus tard, un bilan est fait.

Quand avez-vous entendu parler de ce dispositif ?

En 2001, lors d’un voyage d’études à Budapest. À cette occasion, les services sociaux hongrois m’avaient proposé d’assister à une formation de travailleurs sociaux au Family Group Conferencing, l’appellation anglo-saxonne, en présence de Paul Ban, le spécialiste australien. J’ai compris qu’il s’agissait là d’une méthode bousculante et novatrice, par ses dimensions éducative, sociale et clinique.

Quelles sont les limites ?

Sont exclus du dispositif les abus sexuels, et plus largement les situations où les tiers ne reconnaissent pas les faits. Si la difficulté implique la présence d’un service d’État ou mandaté par l’État, par exemple en protection de l’enfance, celui-ci va énoncer des conditions non négociables. Entre autres, que les personnes violentes reconnaissent et mettent un terme à leur violence. Au besoin un contrôleur sera là pour canaliser la personne.

Quelle est l’origine des conférences familiales ?

Elles viennent des Maoris de Nouvelle-Zélande. Quand un problème surgissait entre les membres d’une famille, la whanau (la famille élargie) se réunissait dans la marae (la salle sacrée) au sein du hui (l’assemblée). Avec un mode opératoire : on ne cherche pas à désigner un coupable, on s’attaque au problème, avec un sens de la responsabilité collective.
À la fin du XIXe siècle, la colonisation a sonné la fin de ces pratiques. Devant la montée de la délinquance, les pouvoirs publics biculturels se sont demandé comment faire ressurgir ces pratiques ancestrales. Ce qui a été fait, avec une diminution conséquente de la délinquance.

Cette méthode s’est-elle exportée ?

Elle est pratiquée dans les pays anglo-saxons, scandinaves, en Europe de l’Est, en Indonésie, aux États-Unis. Cela marche plus difficilement dans la culture latine, en particulier en France. Depuis 2013, cela commence à bouger. Des Départements commencent à faire des journées de sensibilisation, de grands mouvements comme le vôtre s’y intéressent. De nombreuses études ont été menées sur le sujet, cela fonctionne, cela crée un effet systémique et un événement inouï chez les familles. Demander aux personnes ce qu’elles pensent, ce qu’elles veulent, cela change tout ! Cela révolutionne l’approche du travail social.