Accompagnement des parents
24 novembre 2016

Avec le relais familial, Apprentis d’Auteuil innove en matière de prévention

Apprentis d’Auteuil présentait hier son projet de « relais familial » dans le cadre d’une conférence au ministère de l'Economie et des Finances, en présence du président de la République. Ce projet va être expérimenté dans trois départements sous la forme d’un « contrat à impact social » (CIS). Une véritable innovation dans le secteur social. Explications.


Apprentis d’Auteuil a imaginé un dispositif innovant de prévention de placements d’enfants intitulé « le relais familial ». Ce projet, présenté hier lors d’une cérémonie en présence du président de la République, a été sélectionné parmi plus de vingt autres pour être financé dans le cadre d’un contrat à impact social (CIS). Ces « contrats à impact social » (social impact bonds  en anglais), encore expérimentaux en France mais répandus dans les pays anglo-saxons, en Belgique ou au Portugal, permettent de faire appel à des investisseurs privés pour financer des projets sociaux innovants. Les investisseurs sont ensuite remboursés par la puissance publique uniquement si les projets ont atteint leurs objectifs, l’impact social étant mesuré par un évaluateur externe indépendant. 

Une logique de prévention

« Les CIS permettent un transfert du risque vers les investisseurs privés : en cas d’échec, les investisseurs perdent leur mise et le contribuable n’a rien à payer, explique Bénédicte Jacquey-Vazquez, directrice enfance-famille à Apprentis d’Auteuil. A l’inverse, si l’expérimentation est concluante, la puissance publique utilise une partie des économies réalisées grâce au projet pour rembourser l’investisseur et lui verser une prime. Il s’agit ainsi d’une forme de paiement au résultat. Les contrats à impact social apparaissent ainsi comme un levier de financement possible pour développer des programmes de prévention, l’idée étant de passer d’une logique de prise en charge d’une problématique sociale a posteriori à une logique de prévention, d’une société qui prépare à une société qui répare. »

André Altmeyer, directeur général adjoint d'Apprentis d'Auteuil, lors de la présentation à Bercy Photo : Besnard
André Altmeyer, directeur général adjoint d'Apprentis d'Auteuil, lors de la présentation au ministère de l'Economie et des finances. Photo : Besnard

En tant qu’acteur du secteur social, Apprentis d’Auteuil a répondu à un appel à projets lancé par le gouvernement au mois de mars dernier en proposant un projet innovant d’alternative aux placements d’enfants : le « relais familial ». « A la croisée de la protection de l’enfance et de la lutte contre l’exclusion, le relais familial est à la fois un lieu de répit, un lieu d'évaluation et d'orientation, et un lieu de vie et d'entraide communautaire, explique André Altmeyer, directeur général adjoint. Ces lieux sont destinés aux jeunes mères ou parents isolés avec leur bébé en sortie de maternité  ou à des familles qui rencontrent des difficultés éducatives et des conditions de vie précaires (hôtel social, habitat insalubre…).»

Renouer le lien parents-enfants

Chaque relais se composera de 5 appartements familiaux et d’une plateforme de soutien à la parentalité. « Le relais familial doit permettre aux parents et aux enfants de faire famille dans un quotidien partagé et sécurisant, tout en engageant un travail sur le lien parents-enfants, ajoute Bénédicte Jacquey-Vazquez. L’objectif est de déboucher à la sortie du relais sur un accompagnement sur mesure à domicile plutôt que sur un placement. » Trois départements (la Gironde, la Loire-Atlantique et le Nord) ont donné leur accord pour expérimenter des relais familiaux sous forme de CIS. Ils doivent être maintenant formalisés et devraient aboutir à une signature d’ici le mois de juin pour un accueil des premières familles en septembre 2017.