Marie-Josée accueillie au CHRS de Combs-la-Ville (77)
Accompagnement des parents

8 mars : le parcours de résilience de Marie-Josée, accueillie en centre d’urgence

Enceinte et sans domicile, Marie-Josée, 27 ans, est accueillie depuis plusieurs mois au centre d’hébergement d’urgence Rosalie Rendu d’Apprentis d’Auteuil à Combs-la-Ville en Seine-et-Marne. Elle raconte son parcours de résilience à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars.

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Marie-Josée accueillie au centre d'hébergement d'urgence d'Apprentis d'Auteuil en Seine-et-Marne raconte son parcours à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars.

« Ici je me sens bien », confie Marie-Josée, 27 ans, dont l’appétit de vivre et le courage forcent l’admiration à l’écoute du récit de son enfance et du périlleux voyage qui l’a menée de sa Côte d’Ivoire natale à la France. Résidant depuis la fin de l’année dernière dans le centre d’hébergement d’urgence Rosalie Rendu d’Apprentis d’Auteuil à Combs-la-Ville (77), qui accueille une vingtaine de femmes enceintes ou avec enfant de moins de trois ans, Marie-Josée laisse couler ses larmes lorsqu’elle évoque les épreuves qu’elle a endurées avant d’arriver ici.

Orpheline à 7 ans, à cause d’un accident de la circulation qui coûta la vie à ses parents, elle est élevée par son oncle qui lui inflige des mauvais traitements et la laisse à la merci de l’un de ses cousins qui la viole. Jusqu’au jour où Roméo, son grand frère, parvient à l’enlever. Tous les deux entament un long périple vers l’Europe qui les force à traverser la Méditerranée.

Marie-Josée accueillie au CHRS de Combs-la-Ville (77), avec une éducatrice
Marie-Josée accompagnée par une éducatrice du centre d'accueil d'urgence. Photo © Besnard / Apprentis d'Auteuil

Marie-Josée doit se battre pour survivre

Marie-Josée parvient jusqu’aux côtes italiennes, tandis que la frêle embarcation à bord de laquelle Roméo a pris place fait naufrage. Dévastée par ce nouveau deuil, Marie-Josée, alors âgée de 21 ans, doit se battre seule pour survivre. Elle gagne la région parisienne où elle est hébergée par une âme charitable. La jeune femme entame une demande d’asile et se fait opérer des conséquences des mauvais traitements qu’elle a subis. « Aujourd’hui, ma santé est fragile. J’ai encore de lourds problèmes », souligne la future maman qui a obtenu l’asile et trouvé un travail de femme de chambre dans un hôtel.

Marie-Josée accueillie au CHRS de Combs-la-Ville (77), prépare le code de la route
Au centre d'accueil d'urgence Marie-Josée prépare le code de la route.
©Besnard/Apprentis d'Auteuil

Ouvrir un restaurant à Nantes

Pour cette future maman, le mal-logement est une épreuve supplémentaire à surmonter. « J’ai dû louer une chambre dans une colocation car ma demande de logement social n’a pas abouti. Mais la propriétaire a fini par nous mettre dehors. J’étais enceinte. J’ai appelé le 115 (le numéro d’appel pour l’hébergement d’urgence) et on m’a proposé de venir ici », explique Marie-Josée dont l’accouchement est prévu à la fin du mois de mars. « Ça sera une petite fille ! » et son premier enfant. Elle nomme le père de l’enfant un « enceinteur », manière de dire que l’histoire d’amour fut brève et qu’elle élèvera sa fille seule. Dans un coin de sa chambre qui donne sur les espaces verts du centre, sa valise est prête pour un départ à la maternité, le lit-bébé déjà installé, les vêtements et la turbulette bien pliés. Manque encore la place en crèche.

« Ici on m’aide pour cela, pour les démarches administratives et pour trouver une formation et un logement », précise Marie-Josée qui, tous les soirs, révise son code de la route pour passer son permis. Très bonne cuisinière, elle rêve d’ouvrir d’ici deux ans un restaurant-épicerie de spécialités africaines à Nantes. « Je n’y suis jamais allée. Mais je suis certaine qu’il y a du travail là-bas. Je tiens trop à ce projet ! », s’enthousiasme la jeune femme qui conserve une inébranlable foi en l’avenir.

Photos : Besnard. Textes : Laure Naimski

Trois questions à Audrey Bourdaa, éducatrice spécialisée au centre d’hébergement d’urgence Rosalie Rendu

Quels sont les moyens dont le centre dispose ?

Ouvert depuis 2019, le centre propose un hébergement dans des chambres individuelles pour des femmes en situation d’urgence sans domicile qui peuvent avoir été victimes de violences conjugales, être séparées ou réfugiées avec ou sans papiers. Chaque chambre, d’une surface de neuf mètres carrés, donne sur la verdure et est équipée d’un cabinet de toilette. Le centre possède aussi une salle à manger, une cuisine collective où les résidentes préparent leur repas et une salle de détente avec des ordinateurs et des jeux pour les enfants.

De quelle manière accompagnez-vous les femmes que vous recevez ?

Nous les aidons sur tous les aspects de leur vie. Il peut s’agir dans un premier temps de trouver une garde pour leur enfant ou une école. Nous les aidons à faire une demande de logement social dans la ville de leur choix ou à louer un appartement dans le parc privé ou encore dans un foyer de jeune travailleur. Mais si nous jugeons qu’une femme n’est pas autonome pour s’occuper d’elle-même, d’un logement et de son enfant, nous continuons à l’héberger au centre. Pour aider à acquérir cette autonomie, nous mettons en place des ateliers : logement, parentalité…, ainsi que des cours de français. Nous pouvons les aider à choisir un métier, à trouver une formation, à obtenir des papiers. La majorité des femmes que nous accueillons sont issues d’Afrique subsaharienne et sont arrivées en France au terme d’un éprouvant voyage. Si besoin nous les orientons vers un psychologue.

Comment s’organise leur départ du centre ?

Une fois le logement trouvé, nous les aidons à accomplir les premières formalités comme contracter une assurance, acheter des meubles, etc. Nous leur expliquons le sens des priorités pour elle et leur enfant. Si elles sont capables de prendre contact avec les bonnes personnes ressources comme par exemple un médecin, cela démontre qu’elles sont devenues autonomes. Aujourd’hui, le bilan de notre travail avec elles est très positif.