Société
08 mars 2016

Manu Katché en concert pour Apprentis d’Auteuil le 7 avril à l'Olympia

Le 7 avril, Manu Katché donnera un concert exceptionnel à l’Olympia et sera entouré des artistes français et étrangers (Sting, Stephan Eicher, Noa…) qui ont marqué sa carrière. Une partie des bénéfices sera reversée à Apprentis d’Auteuil. Interview : Félix LAVAUX

Le 7 avril vous donnez un concert à l’Olympia au profit d’Apprentis d’Auteuil. Pourquoi ?

Je cherchais une association qui aide les enfants ou les adolescents qui font de la musique (cf encadré ci-dessous, ndlr). Lorsqu’un enfant a une passion artistique, les familles modestes ont souvent des difficultés à financer les études, les instruments, etc. Car elles ont d’autres priorités… L’enfant ou l’adolescent risque alors malheureusement d’abandonner son projet. Il existe de nombreuses associations qui œuvrent pour de nobles causes (le cancer, les enfants malades…) mais très peu pour soutenir des jeunes en difficulté en développant des projets artistiques. Un ami m’a présenté plusieurs associations et fondations et j’ai choisi Apprentis d’Auteuil.

Qu’est-ce qui vous a séduit en particulier à Apprentis d’Auteuil ?

Je me suis renseigné, je suis allé voir le site internet de la fondation… Et j’ai été bluffé par Family one, la chorale gospel d’Apprentis d’Auteuil, qui est allée jouer à l’Apollo à New-York. Ils chantent très bien et l’Apollo est une salle mythique ! En général, ce sont plutôt les chorales gospel d’Outre-Atlantique qui viennent en France ! Ces jeunes de Family One ont un vrai potentiel musical. C’est ce qui m’a donné envie de soutenir Apprentis d’Auteuil. Je ne les ai pas encore rencontrés mais j’ai hâte de le faire. Le petit coup de pouce financier de ce concert à l’Olympia peut donner un déclic à un jeune qui souhaite se lancer dans des études musicales et qui deviendra peut-être musicien professionnel ou enseignant plus tard. 

En quoi l’éducation par la musique peut aider un jeune selon vous ?

L’éducation par la musique pour les jeunes est fondamentale. Grâce aux téléphones, ordinateurs et tablettes, la musique est aujourd’hui accessible partout ! Et les jeunes d’aujourd’hui vivent souvent immergés dedans. Lorsqu’un ado rencontre une difficulté à l’école, avec ses parents ou dans son entourage, faire de la musique lui permet de prendre confiance en lui et d’aborder les choses différemment. Au même titre que le corps se transforme lorsque l’on fait du sport, la musique permet de se transformer d’un point de vue émotionnel et intellectuel.

La découverte de différents types de musiques (classique, opéra, jazz, pop, rock, électro..) peut aussi aider un jeune qui  a des problèmes à communiquer. La musique offre une ouverture d’esprit formidable. Pour moi, c’est fondamental ! Je regrette d’ailleurs que l’Education nationale ait laissé tomber l’éducation musicale telle que je l’ai reçue il y a une quarantaine d’années. Il y avait des cours de musique, de musicologie, l’apprentissage du piano, du chant… 

Quel a été votre apprentissage de la musique ?

J’ai commencé par aller dans un conservatoire en banlieue - celui de Saint-Maur dans le Val-de-Marne - puis je suis entré au Conservatoire de Paris. J’étais plutôt destiné à faire de la musique classique au début. J’ai fait du piano, puis des percussions. J’adore toujours la musique classique aujourd’hui. L’enseignement ne me posait aucun problème car j’avais un prof très pédagogue. Mais l’interprétation était trop rigide pour moi. On faisait toujours référence à de grands compositeurs disparus et le chef d’orchestre nous disait toujours : "On joue comme ça et pas autrement !". Je n’arrivais pas à exprimer ce que j’avais au fond de moi. En découvrant d’autres musiques, comme le rock dans les années 70, la soul ou le rhythm and blues, j’ai découvert que l’on pouvait jouer de plusieurs manières différentes les mêmes titres, comme le faisait Aretha Franklin. La musique contemporaine permet plus d’improvisation et d’interprétation. 

Je me suis donc mis à la batterie. En sortant du Conservatoire, je lisais déjà la musique. Grâce aux percussions classiques - timbales, percussions, marimba, vibraphone – je connaissais aussi les rudiments techniques de la batterie. J’ai commencé à jouer dans des groupes. Puis tout a été une question de rencontres. J’ai joué avec de nombreux artistes français dont Michel Jonasz… avec lequel je rejoue aujourd’hui 30 ans plus tard ! Puis j’ai fait des albums en studio. J’étais très attiré par la soul, le jazz et donc naturellement par les Etats-Unis et l’Angleterre. Ce qui m’a amené à rencontrer Peter Gabriel en 1986 (pour l’album So, ndlr) et a marqué le début de ma carrière à l’étranger. J’ai donc un cheminement plutôt original : je suis parti du piano et des percussions classiques, pour finir par faire du rock. Tout est donc possible en musique ! 

La musique vous a-t-elle servi de moteur au niveau scolaire ?

J’ai arrêté mes études en 1ère A6 (éducation musicale). J’étais tellement pris par le travail de mon instrument, le solfège, l’harmonie que je n’avais plus beaucoup de temps pour faire autre chose ! Je séchais même les cours… même s’il ne faut pas trop le dire aujourd’hui. Le programme du Conservatoire, qui normalement dure huit ans, je l’ai fait en quatre ! J’étais complètement plongé dans la musique et j’avais envie d’avancer le plus vite possible. La musique m’a beaucoup apporté car elle permet d’échanger, de rencontrer des gens que vous n’auriez jamais rencontrés autrement. C’est un passeport génial ! 

Quelle est votre actualité ? 

Je sors un nouvel album au mois de mars, un peu avant le concert à l’Olympia, qui s’appellera Unstatic. C’est un album de quintet de jazz : contrebasse, piano, saxophone, trompette et batterie. C’est du jazz accessible, très mélodique. Je continue à jouer avec des artistes internationaux, mais je tourne surtout avec mon groupe avec lequel on fait entre 100 et 120 concerts par an. Nous jouons en France mais aussi à travers le monde : en Europe, en Amérique du Nord et même en Asie.

Quel est le concept du concert du 7 avril baptisé "Manu Katché and Friends" ?

Je jouerai avec mon groupe beaucoup de titres du nouvel album. J’ai également invité à venir me rejoindre sur scène des artistes français et étrangers (Sting, Stephan Eicher, Richard Bona, Raul Midon, Noa…) qui ont marqué mon parcours. Ce sera un concert festif pour rendre hommage à tous ces artistes qui m’ont permis de jouer avec eux. Le public devrait se régaler !
  Comment réserver vos places au profit d’Apprentis d’Auteuil ?

  • 100 places VIP sont en vente sur le site de l’Olympia, FNAC Spectacles et TicketMaster. Les places VIP offrent la possibilité d'assister à 1 heure de répétition le 7avril à l'Olympia et de rencontrer Manu Katché.
  • Pour les autres places, possibilité de faire un don de 1€ à Apprentis d’Auteuil pour toute place achetée via FNAC Spectacles et TicketMaster.

Le programme d’éducation par la musique à Apprentis d’Auteuil

Les fonds récoltés par le concert seront reversés à Apprentis d’Auteuil et permettront de financer le programme d’éducation musicale de la fondation. Apprentis d'Auteuil fait des arts du spectacle un véritable levier éducatif pour les jeunes accueillis dans ses établissements. Initié il y a près de 15 ans, Arts et Loisirs a été le premier dispositif proposé aux jeunes autour du chant et du spectacle à la fondation. Ouvert à tous, sans sélection de niveau, il remporte un grand succès. Depuis son lancement, une dizaine de chorales sont nées, dont Family One. Le plus ancien choeur gospel de la fondation a enregistré plusieurs albums, a donné des dizaines de concerts dont un à l’Apollo, la salle mythique de New-York. La fondation propose aux jeunes qu’elle accueille de s’investir dans une variété de projets culturels. Des chorales, des comédies musicales, de l’initiation aux instruments, des pièces de théâtre. Deux établissements d’Apprentis d’Auteuil à Paris et à Meudon bénéficient, eux, d’un studio d’enregistrement et d’une salle de musique assistée par ordinateur Nokia. Les bénéfices éducatifs de ce programme sont nombreux. Les jeunes travaillent leur mémoire, enrichissent leur vocabulaire en français et en anglais, acceptent la discipline, parviennent à vaincre leur timidité ou leur peur et améliorent leur comportement.