Plaidoyer

Lutte contre la pauvreté : l’action d’Apprentis d’Auteuil auprès des pouvoirs publics

À la faveur des concertations menées tambour battant par le nouveau gouvernement, Apprentis d’Auteuil défend plus que jamais la cause des enfants, des adolescents et des familles en difficulté ! Parmi les (nombreux) chantiers menés, celui de la lutte contre la précarité des enfants et des jeunes. Interview d’Olivier Duplan, coordinateur des programmes protection de l’enfance d’Apprentis d’Auteuil.

Comment la fondation intervient-elle auprès des pouvoirs publics sur les questions de pauvreté et de précarité des jeunes et des familles ?

À l’automne 2017, le Président de la République a annoncé le lancement d’une concertation pour lutter contre la pauvreté et la précarité des jeunes afin de mettre en place un plan d’actions ambitieux.
Dès l’installation de la délégation interministérielle en charge du sujet, nous avons intégré deux groupes de travail. À raison d’une réunion par semaine, ces groupes de travail ont dressé un état des lieux de la situation sociale en France et produit des recommandations et des propositions ambitieuses et concrètes, dont un certain nombre immédiatement applicables.
Les conclusions de cette concertation ont été remises, au mois de mars, à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. D’ici à quelques semaines, après une période d’arbitrages, le gouvernement annoncera ses intentions. Nous les attendons avec impatience.
Olivier Duplan, coordinateur des programmes protection de l’enfance à Apprentis d'Auteuil © JP Pouteau/Apprentis d'Auteuil

Qu’apporte Apprentis d’Auteuil dans ces discussions ?

Avant tout son expérience d’opérateur de terrain. Au sein de ce groupe de travail, nous avons particulièrement travaillé sur les thèmes qui sont notre cœur de métier : lutte contre le décrochage scolaire, protection de l’enfance, insertion sociale et professionnelle
De trop nombreux jeunes choisissent des études courtes ou un emploi précaire pour subvenir à leurs besoins fondamentaux : avoir un toit et de quoi manger. Nous avons donc étudié la piste d’un "revenu de soutien", sous conditions, indissociable d'un accompagnement éducatif, qui leur permettrait envisager d’autres perspectives.
Autre exemple avec les jeunes sortants des dispositifs de protection de l’enfance. À leur majorité ou au mieux à 21 ans, ils se retrouvent pour beaucoup, du jour au lendemain, dans une situation très précaire : ils doivent s’assumer, trouver un logement, un emploi, être autonomes avec très peu voire aucun moyen. Avec d’autres acteurs de terrain, nous demandons de réintroduire l’obligation pour les départements d’accompagner les garçons et les filles qui le souhaitent jusqu’à leurs 21 ans. Cette automaticité protégerait les jeunes les plus fragilisés.
Quant aux mineurs non accompagnés pris en charge par l’ASE au titre de la protection de l’enfance, ils doivent pouvoir, s’ils le désirent, être durablement intégrés dans la société française. Ce qui suppose un travail pour et avec chaque jeune dans toutes les dimensions de son développement (hébergement, santé, apprentissage du français, régularisation administrative, accompagnement à l’insertion sociale et professionnelle…).

Montrez-vous ce qu’Apprentis d’Auteuil réalise sur le terrain ?

Oui ! Pour donner plus de force encore à nos engagements auprès des jeunes et des familles, nous avons reçu à plusieurs reprises la délégation interministérielle dirigée par Olivier Noblecourt, dans nos établissements à Lyon, à Strasbourg. Nous avons participé aux rencontres territoriales organisées par la délégation et nous avons, ainsi que les équipes de terrain et les jeunes, partagé notre engagement, nos actions et nos réussites auprès des plus fragiles.
La confrontation des idées, au sein du groupe de travail, nous a aussi amenés à réfléchir sur l’évolution nécessaire de notre activité, à entendre d’autres opérateurs et à formaliser nos convictions…

Quels sont, pour vous, les sujets incontournables dans les futures orientations ?

Nous avons particulièrement insisté sur la nécessité de ne pas répondre aux difficultés des jeunes par des dispositifs, mais de partir avant tout de leurs besoins et de les considérer comme des personnes à part entière, de les sortir des "cases"  dans lesquelles on les enferme trop souvent.
Pour nous, l’approche de la personne doit être globale, décloisonnée ; la question du lien avec les familles doit irriguer l’ensemble de la stratégie voulue par le gouvernement.
Aujourd’hui, nous espérons que les orientations de la stratégie de lutte contre la pauvreté des jeunes et des familles seront à la hauteur des enjeux énormes pour l’avenir de notre société.
Et, bien sûr, nous allons poursuivre ce travail de fond auprès des pouvoirs publics pour que la parole des jeunes, des familles et des professionnels soit entendue.