Sandra Traika, ancienne de SKOLA hôtellerie, est aujourd’hui  réceptionniste. Ici  avec Coralie Sbrava, adjointe de direction d'un hôtel Mercure à Marseille, qui l'a coachée durant sa formation
Formation et insertion

Trois mois pour devenir réceptionniste avec Skola hôtellerie

Le programme Skola Hôtellerie, coconstruit à Marseille avec le groupe Accor, forme douze jeunes par session au métier de réceptionniste. Trois mois d'accompagnement intensif par toute une équipe ultra motivée, qui lève les freins, donne confiance, rassure et insuffle du dynamisme à des jeunes qui cherchent à s'insérer.

Au programme des douze candidats de Skola hôtellerie aujourd’hui, rassemblés au Cloître, atelier « Valoriser son image ». La séquence démarre par dix minutes pour réfléchir à la célèbre maxime « L’habit ne fait pas le moine ». Et découvrir l’autre partie de l’adage : « mais il permet d’entrer au monastère ». Souriante et chaleureuse, Dalila Ikene, la formatrice, cherche à donner à chaque jeune les bases d’une bonne image de soi pour son futur métier de réceptionniste. « Pour avoir confiance en soi, il faut se donner des objectifs et les moyens d’y arriver. La confiance, c’est quelque chose qui se construit », rassure-t-elle.

SKOLA Hôtellerie au Cloître, atelier Image de soi, Dalila Ikene, consultante en image et intervenante
Dalila Ikene, consultante en image et intervenante, anime l'atelier Image de soi, lors de la 4e session de Skola hôtellerie. (c) JC Verchère/Apprentis d'Auteuil

Voilà deux semaines que la session a démarré pour cette quatrième promotion Skola, conçue pour des jeunes gens entre 18 et 29 ans. Chacun s’est trouvé freiné dans son parcours, avec des difficultés scolaires, sociales, familiales ou géographiques qui parfois se cumulent. « Notre objectif, c’est l’accompagnement social et professionnel vers l’emploi et la levée des freins, confirme Céline Rodio, conseillère emploi formation insertion. Souvent, il y a des points qui empêchent le déroulement normal d’une formation. L’un a reçu un document de la CAF qu’il ne comprend pas. L’autre a des problèmes de transport, de logement... »

SKOLA Hôtellerie au Cloître, Céline Rodio ( conseillère Emploi Formation Insertion) avec Roxane, en entretien (
Un accompagnement des jeunes au plus près des besoins pour lever les freins à l'insertion. Céline Rodio, conseillère Emploi Formation Insertion, avec Roxane, en entretien. (c) JC Verchère/Apprentis d'Auteuil

Un accompagnement pas à pas

La levée des freins n'est qu'une partie du travail des CEFI, précise Céline. Elle accompagne également les jeunes dans la rédaction de leur CV, la préparation aux entretiens d'embauche, aborde avec eux la bonne posture en entreprise et le langage professionnel à adopter. « Un jeune est arrivé à cette session très nonchalant, les mains dans les poches, raconte-t-elle. Je lui ai dit, "si tu veux vraiment t’engager dans ce programme, il va falloir que cela change". En 30 minutes, c’était fini : "Madame, dites-moi ce qu’il faut que je fasse !" C’est quelqu’un qui va se révéler s’il écoute les conseils et qu’il les suit.»
Il n'est pas rare que Céline reçoive les confidences des jeunes qui révèlent petit à petit des pans de leur quotidien difficile. « Au fil des semaines, ils me confient beaucoup de choses et s'ouvrent quand cela ne va pas. Ils sont souvent très touchants. Beaucoup ont eu des histoires de vie pas faciles. Ils ont connu des échecs pendant leur scolarité ou plus tard, dans l’emploi. Ils ont une vie de famille compliquée. Nous avons pas mal de jeunes femmes seules avec des enfants. On peut parler de choses graves. »

Former des jeunes sur un métier en tension

Le programme proposé par Skola hôtellerie est pour beaucoup une ouverture sur un futur possible et à portée de main. Il comprend une alternance d’ateliers théoriques et de stage pratique de trois mois dans douze hôtels du groupe Accor. « Le métier de réceptionniste est en tension. Ce partenariat est donc aussi bénéfique pour Accor que pour les stagiaires, c’est le match parfait », note Coralie Sbrava, adjointe de direction d’un hôtel Mercure. Chaque jeune est épaulé par un mentor du groupe sur le terrain, une des clés de la réussite : le programme amène ainsi 70 % des jeunes vers l’emploi, un succès au regard des difficultés de départ.

Faire tomber les murs

Retour à l’atelier « Valoriser son image ». "Nous allons réveiller ce teint tout pâle et tout fatigué" s'exclame la formatrice. Après l’étude des styles et la recherche de la colorimétrie (la gamme de couleurs qui va le mieux à chaque personne), place au moment très attendu, les essayages des deux tenues chics offertes par Lilian Jacquelinet, fondatrice de la marque Captain Tortue et mécène du programme. Les garçons comme les filles ont les yeux qui brillent. « Ces deux premières semaines ont été intenses, confie Linda, 27 ans. Les ateliers nous apprennent beaucoup et nous avantagent dans nos vies personnelles. » 

SKOLA Hôtellerie au Cloître, atelier Image de soi et conseils sur la colorimétrie, avec Dalila Ikene (consultante en image et intervenante) et Roxane
Des conseils en colorimétrie pour Roxane, dispensés par Dalila Ikene, consultante en image. (c) JC Verchère/Apprentis d'Auteuil

Caroline Fraysse, responsable des Skolas Marseille, ajoute : « Ce programme permet de faire tomber des murs entre l’entreprise et les jeunes. Mais aussi de faire changer le regard des professionnels sur eux. Cela ébranle les préjugés liés au quartier, à l'origine. » De session en session, Caroline remarque cependant des profils de jeunes de plus en plus volatiles. « Ils se disent sûrs de leur projet mais cela reste fragile. Il peut y avoir pour certains des problèmes de santé mentale, des troubles psychiques.  Oui, je remarque que cela s’est dégradé. »
A noter, les bons résultats des trois premières sessions et les retours qu'en font les premières promotions de jeunes. « Les retours sont très positifs, se félicite la responsable. Les jeunes ont souvent démarré dans des hôtels par un puis deux CDD avant de basculer en CDI, pour certains dans des hauts de gamme. Une ancienne skoliste de la session 1 est même devenue tutrice pour un jeune de la session 3 ! C’est une pépite de réception selon son employeur. Des jeunes se sont révélés dans le métier. »