Formation et insertion

L’origine géographique pèse sur l’avenir des jeunes

Les origines géographiques et sociales influent fortement sur l'orientation et l'avenir des jeunes. C'est ce que confirme le sondage réalisé par Chemins d'avenir, la Fondation Jean Jaurès et l'IFOP auprès des jeunes de 17 à 23 ans. Interview de Jérémie Peltier, directeur des études à la Fondation Jean Jaurès.

Quel est l'enseignement principal de ce sondage ?

Jérémie Peltier, directeur des études à la Fondation Jean Jaurès

42% des jeunes des petites villes disent manquer d'information pour s'orienter, contre 32% pour ceux des métropoles. Il existe le même différentiel quant à l'opinion qu'ils portent sur la qualité de leurs études : moins de 50% des jeunes des territoires ruraux et des petites villes ont le sentiment de faire des études ambitieuses, contre 64% des jeunes qui habitent dans les grandes villes. Il existe donc une vraie fracture et des inégalités fortes entre les jeunes de la France rurale ou des petites villes et celle des métropoles. Des fractures notamment liées à l'orientation.

Quelles sont-elles ?

Pour s’orienter, ils disent compter sur la famille et les proches, plutôt que sur la conseillère d'orientation ou leurs enseignants. Or, il n'y a rien de plus injuste que les inégalités liées au carnet d'adresses et au réseau de connaissances, moins développés en milieu rural. La question du piston est encore taboue en France, mais c'est une réalité. Et les jeunes savent que c'est déterminant pour eux.

Les jeunes ruraux ont aussi moins confiance en l'avenir ?

Oui, à 40%, soit 10 points de plus que les jeunes des grandes villes ! Comparativement aux autres, les jeunes ruraux ont une représentation de leur territoire et de leurs études assez négative. Ils disent aussi plus facilement que telles études ou telle profession ne sont pas faites pour eux.

Quelles solutions proposez-vous ?

L'enquête montre que tout ne peut plus passer par l'Éducation nationale. Les "rôles modèles" et le réseau de connaissances se construisent ailleurs. Un certain nombre d'associations comme Chemins d'avenir font du mécénat de compétences en mettant ces jeunes en relation avec d’autres jeunes ruraux qui ont réussi et qui servent de modèle. Il faudrait le faire à grande échelle.
Une autre piste serait de permettre aux jeunes de concilier temps d’études et temps de travail, car ce sont aujourd'hui des univers trop cloisonnés. Enfin, le Service national universel pourrait être un moyen, pour les jeunes ruraux, de découvrir les grandes métropoles françaises pendant 10 ou 15 jours. Ce qui leur permettrait d'expérimenter concrètement la mobilité et de réduire les inégalités.

Pour en savoir plus sur le sondage

Jeunes des villes, jeunes des champs, la lutte des classes n'est pas finie. Sondage réalisé par l'IFOP du 10 au 15 octobre 2019 par téléphone auprès d'un échantillon de 1000 personnes représentatives de la population française âgées de 17 à 23 ans.