Plaidoyer

Les racines spirituelles d'Apprentis d'Auteuil

Apprentis d'Auteuil trouve sa source dans l'Evangile, et déploie son projet dans cette fidélité essentielle, au sein d'une société de plus en plus diverse. Explications.


Lorsque l’abbé Roussel crée l’Œuvre de la Première Communion en 1866, à Paris, sa démarche, longuement mûrie, est fondée sur la parole de Jésus : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40). Elle puise son énergie sur la profonde confiance en Dieu du jeune abbé. Comme lui-même l’a fait à son époque, ses successeurs à la tête de ce qui devient en 1871 Les Orphelins Apprentis d’Auteuil, lient la formation spirituelle et la formation professionnelle. En particulier le père Daniel Brottier, directeur de l’œuvre de 1923 à 1936, qui sera reconnu Bienheureux par l’Église en 1984. « Ancien aumônier sur le front de 1914 à 1919, Daniel Brottier découvre combien l’ensemble de la démarche d’Apprentis d’Auteuil porte un projet évangélique : offrir un avenir aux jeunes, c’est aussi sauver l’humanité », souligne le père Marc Botzung, provincial de la congrégation du Saint-Esprit. Missionnaire spiritain, Daniel Brottier choisit – comme son prédécesseur l’abbé Muffat - de mettre ses "orphelins" sous la protection de Thérèse de Lisieux, une jeune fille devenue patronne des missions sans être jamais sortie de son Carmel,  et une apôtre de la confiance absolue en Dieu.
Apprentis d’Auteuil est toujours placé sous l’égide de ses trois "fondateurs" : le précurseur Louis Roussel, la protectrice Thérèse de l’Enfant-Jésus et l’audacieux Daniel Brottier.

Œuvre d’Église

Reconnue d’utilité publique par l’État en 1929, la fondation demeure une œuvre d’Église. Elle accueille  les jeunes, sans aucune distinction d’origine, de culture, de religion. En 2003, l’article 1er de ses statuts la définit comme une "institution d’inspiration catholique placée sous la responsabilité pastorale de l’archevêque de Paris" (1). Œuvre d’Église ? « Cela signifie que la mission d’Apprentis d’Auteuil - accueillir, éduquer, former et insérer des jeunes en difficulté - est reconnue par l’Église comme pastorale (2), puisqu’elle est réalisée en référence à l’Évangile, explique le père Xavier Lepin, spiritain et délégué général à la tutelle et à la pastorale. C’est tout le projet d’Apprentis d’Auteuil qui est pastoral, portant en son cœur chacun des 24 000 jeunes accueillis. » Chaque directeur en est responsable, précise Patrice Lejeune, directeur de la Maison d’enfants Don Bosco à Monthermé et Charleville-Mézières (08) : « Dans mon établissement, je dois m’assurer que les valeurs portées par chaque adulte dans son métier soient en cohérence avec celles d’Apprentis d’Auteuil (la bienveillance, la confiance, l’espérance, etc.) » Dans chaque établissement, l’équipe d’animation pastorale va à la rencontre des jeunes, comme des adultes. Elle répond aux interrogations, organise des échanges qui aident les jeunes à grandir en intériorité. À ceux qui veulent découvrir le Christ, préparer un sacrement, approfondir leur foi, elle propose catéchèse, célébrations, pèlerinages…, en veillant au lien avec les paroisses et les diocèses.

Une vision de la personne humaine

Ces jeunes accueillis par Apprentis d’Auteuil traversent des situations sociales, familiales, parfois inextricables… « Ce qui nous fait agir en tant qu’institution, c’est notre vision de la personne humaine qui repose sur la parole biblique "Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance" (Genèse 1, 26), précise Xavier Lepin. La fondation reconnaît que chaque personne est créée en capacité d’aimer comme Dieu aime, et que c’est là sa plus grande dignité. D’où notre regard d’espérance. » Cette conviction de l’inaliénable dignité de l’être humain irrigue toute l’action éducative, pédagogique et pastorale d’Apprentis d’Auteuil. Il s’agit de faire grandir les jeunes en humanité et en responsabilité.
D’où la mise en place du Développement humain et spirituel, une pratique éducative articulée autour de trois axes essentiels à cette croissance : inscrire sa vie dans une histoire, vivre en relation avec les autres et le monde, découvrir la valeur de sa vie, de la vie. D’où également, la création de parcours d’éducation affective et relationnelle (3) qui partent des questions des jeunes et des problématiques qu’ils rencontrent. Dominique Wyttynck, animatrice pastorale et longtemps responsable des parcours, explique : « Quand nous réfléchissons avec les élèves sur la personne humaine et sur sa relation avec les autres, en particulier entre hommes et femmes, nous voyons combien cette éducation les construit, étape par étape. » « La Bonne Nouvelle annoncée par Jésus se traduit toujours par une guérison, une libération, une réintégration dans le groupe. C’est ce que Dieu veut pour que chacun retrouve sa dignité. C’est ce que nous tâchons de faire tous les jours à Apprentis d’Auteuil », conclut Daniel Fasquelle, directeur de l’animation pastorale.

(1)    Depuis 1923, la convention signée entre l’archevêché de Paris, la congrégation du Saint-Esprit et la fondation est régulièrement renouvelée.
(2)    Pastorale : « C’est l’activité, née du dynamisme de la foi de l’Église, qui vise à donner à chacun selon ses besoins spirituels. Aujourd’hui se développe, à côté d’une pastorale générale qui définit les grands axes de l’action (dans un diocèse par exemple) des pastorales spécialisées, tourisme, malades, immigrés etc. » (Extrait du glossaire du site de la Conférence des évêques de France)
(3)    Au programme de l’Éducation nationale. Les parcours créés par Apprentis d’Auteuil sont édités et diffusés en partenariat avec l’Enseignement catholique.

La tutelle pastorale

Depuis 1923, la congrégation du Saint-Esprit est responsable de la tutelle d’Apprentis d’Auteuil que lui a confiée l’archevêque de Paris. Plus de 600 spiritains y ont œuvré, dont une quinzaine aujourd’hui, en 2016.
« Si nous sommes à Apprentis d’Auteuil, c’est pour l’annonce de la Bonne Nouvelle au pauvre. Tout part de là et y revient ! souligne Marc Botzung, provincial des Spiritains, et membre du conseil d’administration d’Apprentis d’Auteuil. La fondation est concrètement en prise avec la pauvreté humaine. Son projet est social, mais aussi évangélique, parce qu’il s’agit de la dignité de l’homme. On ne peut être chrétien sans se laisser interpeller par les cris de notre humanité aujourd’hui. »
Céline, 15 ans, en 3e au Lycée horticole Notre-Dame des Jardins (La Loupe, 28)
« J’aime bien venir aux réunions du Centre Emmanuel, l’aumônerie du lycée. C’est un lieu où on peut partager sur des sujets entre jeunes et adultes, et écouter ce qu’ils disent. Quand les personnes parlent de Dieu, cela me touche. Quand j’ai des soucis, je Lui parle. Des fois, je pense à Lui dans ma chambre. Il m’aide dans ma vie. »

Martin, 14 ans, en 3e à l’IES et au collège Saint-Paul (Saint-Paul-sur-Isère, 73)
« On nous propose des temps de spiritualité, comme un pèlerinage début octobre au Puy-en-Velay avec une procession aux flambeaux et une veillée. C’était super. J’ai pu rencontrer plein d’autres jeunes d’Apprentis d’Auteuil et mieux découvrir la grande famille que nous formons. »