Education et scolarité

Rémi, récit d'un parcours de jeune semé d'embûches

Rémi (1), accueilli à Apprentis d'Auteuil à 16 ans, en est parti à sa majorité, pensant pouvoir se débrouiller seul. Après deux ans d'errance, il y est revenu pour achever sa formation. Récit.

En septembre 2007, Rémi a presque 16 ans lorsqu’il arrive au lycée horticole en classe de 4e, sur décision judiciaire. Demi-pensionnaire, il bénéficie d’une mesure de suivi éducatif de jour. Le garçon, frêle et timide, est en grand besoin d’un cadre « contenant ». Sa maman est décédée lorsqu’il était enfant, il vit avec son père, placé sous tutelle, et la compagne de celui-ci, une femme effacée.
« Le père était dans l’incompréhension des mesures demandées par les services sociaux. Il ne s’intéressait ni à la scolarité, ni aux enjeux éducatifs, se souvient son éducatrice référente. On sentait que Rémi vivait en autarcie, replié sur lui-même. » La mesure de protection précise qu’il devra participer aux activités de l’établissement et aux camps de vacances.

De légers progrès...

Longtemps, tout glisse sur le garçon : il ne conteste pas les décisions, mais n’en tient pas compte non plus. « Il adaptait son comportement, mais rien n’était spontané », poursuit l’éducatrice. Mêmes constatations côté études : Rémi manque d’autonomie, de concentration, de goût de l’effort. « C’était un combat permanent pour qu’il ait ses affaires, qu’il fasse son travail », complète une enseignante. Au fil des mois cependant, Rémi s’ouvre aux autres, noue de vraies amitiés.
En septembre 2009, il entre en première année de CAPA travaux paysagers, et en janvier, à la Maison d’enfants, à sa demande. Si les résultats scolaires sont toujours justes, Rémi évolue dans son comportement au foyer. Plus de dynamisme, d’intérêt pour la vie autour de lui. « S’il a toujours du mal à exprimer ses envies, ses choix, il s’affirme de plus en plus, fait preuve d’humour » se souvient son éducatrice.

Un besoin d'être stimulé et mis en confiance

À l’été 2010, il participe à un chantier de solidarité au Liban. Une expérience très positive. En 2011, il émet un souhait personnel, celui d’apprendre à jouer de la batterie, une première. Il cherche lui-même les informations, s’inscrit à l’école de musique. Mais au cours de l’année, il retombe dans la passivité.
« Il avait un grand besoin de maternage. Et de cadre pour être stimulé, aidé, mis en confiance », poursuit-elle.
À l’obtention de son CAPA travaux paysagers, Rémi préfère voler de ses propres ailes, contre l’avis des équipes sentant qu’il n’est pas prêt. Au mois de juin, son contrat jeune majeur prend fin, il n’en demande pas le renouvellement immédiatement. « Rémi avait besoin de s’émanciper. Il est retourné chez lui et a continué ses études en maison familiale rurale. » Très vite, sans suivi éducatif, le jeune homme perd pied. « Nous l’avons récupéré l’année suivante, en 2013, en seconde bac pro, relate son enseignante. À l’époque, nous n’avions pas de 1ère ni de terminale bac pro. Il est parti à l’issue de cette classe. »

Le retour de Rémi

Durant l’été 2016, Rémi croise à la mission locale un ancien éducateur à qui il parle de ses deux ans d’errance depuis la sortie de l’établissement. Il reprend contact à la faveur d’une porte ouverte. Grâce à la mission locale, il entre en 1ère bac pro. « Rémi va aller jusqu’au bout, il a des compétences réelles, a gagné en maturité. Cela va déboucher ! conclut l’enseignante. Il faut du temps pour redonner de la confiance et de l’étayage. Toutes ces années ont été nécessaires pour qu’il grandisse. » (1) Le prénom a été changé, les lieux et les personnes restent anonymes.