Education et scolarité

Harcelé dans son ancien collège, Florent se reconstruit en CAP jardinier paysagiste

Florent, 17 ans, a connu l’enfer du harcèlement scolaire lors de son année de 4e. Déscolarisé, en perte totale de confiance, le jeune homme a repris goût à la vie et aux apprentissages au lycée Sainte-Jeanne d’Arc de Loches (37). Et trouvé sa vocation dans l’aménagement des espaces verts.

« Je suis ici depuis la rentrée 2018, ça fait trois ans. J’ai eu un passé compliqué. Dans mon ancien collège, en 4e, j’ai été harcelé, tabassé, j’ai même reçu des menaces de mort. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment... Ce que je sais, c’est que les parents du garçon qui me harcelait n’aimaient pas les miens, c’est comme ça que ça a démarré. Il a commencé à m’insulter, me taper, et les autres ont embrayé.
Je n’en ai pas parlé à la maison. Mes parents ont vu que j’avais changé. Mes notes avaient chuté. À la maison, je répondais, je parlais mal à mes petits frère et sœur, je ne mangeais plus, je ne voulais plus sortir dehors. Je voulais quitter ce monde.

Et puis un soir, ma mère est venue dans ma chambre et m’a dit : « Je vois que quelque chose ne va pas, je ne sortirai pas d’ici avant que tu me l’aies dit. » Mes parents ont trouvé une lettre que j’avais écrite et cachée, dans laquelle je racontais ce qui se passait et ce que je voulais faire. Ils ont fondu en larmes. Ils sont allés voir la directrice du collège et ont porté plainte, mais ça n’a rien changé. Je suis parti du collège au cours de l’année scolaire. Je pensais que ma vie était finie.

Une lente reconstruction

Mes parents et moi avons cherché un établissement autour de Loches. Je ne voulais surtout pas aller en internat, j’avais peur que cela recommence. Nous avons repéré le lycée Sainte-Jeanne d’Arc et pris contact pour une visite. Rien que de voir le parc, ça m’a tout de suite plu. Les profs et les élèves étaient accueillants. Le directeur n’a pas voulu regarder mes bulletins scolaires. Il m’a dit que ma moyenne (3/20) n’était pas un frein, que ce qui l’intéressait, c’était ce que je voulais devenir. Ça m’a mis direct dans l’ambiance. Je voulais venir tout de suite.

Je suis entré au lycée en 3e à la rentrée suivante. Au début, j’étais très méfiant, j’observais les comportements. J’avais peur. Le soir, je me demandais si j’allais rester. J’avais encore un regard négatif sur les gens. Mais tout le monde venait vers moi, ça m’a mis à l’aise. J’ai fait des efforts pour aller vers les autres et au bout de 15 jours, ça allait mieux.

Remise en confiance

C’est un peu comme une deuxième famille ici ! Les classes sont à petits effectifs, cela permet de bien s’intégrer, de mieux comprendre les profs, et pour les profs, de mieux nous comprendre. Mes résultats se sont améliorés dès la première année. Je suis passé à 11 de moyenne, et maintenant, je suis à 15,5. On voit la différence, c’est affolant ! Après la 3e, j’ai voulu continuer dans la filière espaces verts.

En fin d’année, je passe mon CAP. Après, je voudrais préparer un bac pro puis un BTS. Mon but, c’est de devenir architecte-maître d’œuvre en paysage. J’adore les machines, toucher la terre, être en lien avec la nature. Et lutter contre le réchauffement climatique. C’est ce qu’on essaie de faire au lycée, avec le recyclage, le compost… Je suis heureux d’être resté ici ! »