Les établissements Notre-Dame, sur le site du château des Vaux, en Eure-et-Loir (c) JP Pouteau / Apprentis d'Auteuil
Education et scolarité
23 mars 2020

Covid-19 : mobilisation générale des établissements Notre-Dame

Les établissements Notre-Dame, situés sur le site du château des Vaux en Eure-et-Loir, accueillent habituellement plus de 800 jeunes. Comment s’organisent-ils en cette période de confinement ? Réponses de Christian Jacquemin, directeur régional adjoint Centre à Apprentis d’Auteuil.

Comment les établissements Notre-Dame vivent-ils le confinement ?

Christian Jacquemin, directeur régional adjoint Centre Apprentis d'Auteuil (c) JP Pouteau / Apprentis d'Auteuil


L’ambiance est calme. Nous nous sommes organisés pour accueillir les 150 jeunes relevant de la Protection de l’enfance restés sur le site du château des Vaux. Ils sont logés dans 3 Maisons d’enfants à caractère social (MECS), au sein de 7 foyers. 40 jeunes plus mûrs sont quant à eux en logement « diffus », c’est-à-dire, des appartements dispersés en ville pour y apprendre l’autonomie.
 Les établissements scolaires sont fermés. Les éducateurs des Internats éducatifs et scolaires (IES) et les éducateurs scolaires viennent en renfort la journée sur les MECS. Les professionnels sont tous très mobilisés. Nous avons également des liens réguliers avec les élus du département.

Comment vous organisez-vous ?

Tout rassemblement est évidemment proscrit sur le site. Nous limitons à six le nombre de jeunes par groupe pour les activités, comme l’informatique, le sport, les jeux de société, les balades. C’est un risque mesuré : on ne peut pas imaginer laisser les jeunes dans leur chambre toute la journée.
Nous avons également prévu des zones de confinement. Pour l’instant, personne n’est infecté. Nous essayons de prévoir tous les scénarios possibles pour anticiper, car évidemment, 150 jeunes sur site, c’est un chiffre très important. Une infirmière vient en relais, ce qui est très précieux.
Des personnels viennent en renfort dans les MECS pour le ménage. D’une façon générale, nous avons organisé un roulement entre équipes qui se relaient sans se croiser, afin d’éviter la propagation du virus. Pour le ravitaillement, nous n’avons pas de problème. Nos cuisines tournent, notre restaurateur est présent en cuisine. Les jeunes font les courses quand c’est possible. Notre activité est quasi classique.

Comment les jeunes réagissent-ils ? 


Pour les jeunes, en particulier les Mineurs non accompagnés qui viennent de loin et ont vécu des situations douloureuses, ce n’est pas si évident de comprendre ce qui se passe, qu’il ne faut pas se serrer la main par exemple. Certains ne sont pas francophones. Nous avons trouvé un lexique qui explique le virus dans toutes les langues parlées ici. Il nous faut être très pédagogues. 

Nous avons organisé le suivi scolaire depuis le début du confinement. Lundi dernier, les jeunes y sont venus avec des souliers de plomb, et en sont repartis très heureux. Les professeurs mettent des cours en ligne et assurent un suivi par informatique. Via la plateforme d’apprentissage, les professeurs envoient des documents aux élèves en formation professionnelle. Il s’agit pour les élèves de rester à flot, au moins au niveau théorique.

Comment le lien avec les familles est-il maintenu ?

Les éducateurs maintiennent le lien au téléphone avec les familles. Certains jeunes relevant de la Protection de l’enfance sont rentrés chez eux quand cela était possible. Les familles les plus fragiles sont suivies plus particulièrement, certaines situations familiales pouvant être tendues. Au cours de la semaine, une des familles ne répondait pas au téléphone, un éducateur a été envoyé chez eux. Des jeunes pourront être rapatriés en MECS si jamais c’est trop compliqué dans la famille.
Les jeunes en appartement diffus sont également en lien au téléphone avec les éducateurs. Ils ont cette habitude d’autonomie. En général, ils vivent à deux en appartement, ils ne sont pas isolés.

Comment les professionnels réagissent-ils à cette situation inédite ?

Je dois souligner la mobilisation sans faille de tout le monde. Les équipes ont accueilli ces besoins supplémentaires de façon très positive. Je constate beaucoup de bonne volonté et d’implication. Je n’en suis pas surpris : nous avons l’habitude de la gestion de crise immédiate, comme des plans neige qui nous amènent à nous organiser en deux jours.