Accompagnement des parents

Comment parler de la mort avec un enfant ?

Les enfants s’interrogent naturellement sur la mort. Or souvent, les adultes évitent le sujet pour les protéger. Repères avec Marie Blondeau, consultante spécialisée dans l'accompagnement du deuil.

Pourquoi parler de la mort avec les enfants ?

La mort fait partie de la vie et c’est un sujet qui préoccupe naturellement les enfants. Face à la mort, si l’adulte ne dit rien, l’enfant va laisser libre cours à son imagination et se sentir responsable ou avoir le sentiment que ses parents ne lui font pas confiance.

Quand en parler ?

Chez l'enfant, la compréhension du concept de la mort ne survient que vers 6 ou 7 ans...Toutefois, il peut y  être confronté plus jeune. Il est toujours préférable d’aborder le sujet à des moments où les enfants ne sont pas encore touchés de près par la question. Les futurs deuils seront plus sereins. Expliquer que la mort s’inscrit dans le cycle naturel de la vie. Les occasions ne manquent pas. Comme celle de l'animal de compagnie. L'adulte  peut l'accompagner dans ce deuil. Il y a aussi le cycle des saisons, un déménagement, etc. Si c’est l’enfant qui pose la question - souvent à un moment inattendu - et qu'elle vous déstabilise, vous pouvez la lui retourner en lui  disant : " Et toi, qu’en penses-tu ?". Car s'il s'interroge, c’est qu’il souhaite vérifier qu’il peut parler librement de ce qui le préoccupe avec vous, peu importe la réponse. Les enfants ont avant tout besoin de la compréhension inconditionnelle des personnes qui les aiment.

Comment en parler ?

Le moment venu, dans une situation touchant l’enfant de près, il faut être clair, concret et précis. Face, par exemple, à un grand-père mort d’une maladie grave, il est possible de dire à votre enfant  qu’il ne souffre plus, qu’il ne respire plus, qu’on va le mettre en terre et qu’il y aura une cérémonie pour lui dire au revoir. Il est aussi conseillé de laisser l’enfant s’exprimer. Dans ces moments difficiles, l’authenticité est de mise. Partagez vos émotions en rassurant l’enfant sur le fait qu’il n’est pas responsable de ce qui se passe.
"Il est mort parce qu'il avait fini de vivre alors que nous espérions qu'il vivrait comme toi". Françoise Dolto, dans "Lorsque l'enfant paraît."

Et si l’enfant a peur pour lui ou pour ses proches ?

C’est une réaction normale car il s'agit d'un inconnu qu'on ne maîtrise pas. Si l'enfant a peur pour la mort de ses proches, vous pouvez lui dire qu’on meurt logiquement quand on est vieux. Et que cette question interpelle tout le monde, même les parents. Accueillez ses interrogations, pour qu'il comprenne qu’il pourra y revenir si besoin. Et précisez-lui qu’on meurt aussi comme le disait Françoise Dolto "quand on a fini de vivre"… Il existe également des petits livres très bien conçus à lire - et si besoin relire - ensemble. Face à la peur de mourir de l’enfant, lui préciser qu’il fait bien de vous en parler, que vous êtes là pour le protéger et que vous savez qu'il va bien. Veillez aussi à rester à son écoute. Si la question se répète, pensez à l'emmener  en consultation. Tout dépend du contexte…   

Qu’en est-il des rites et des croyances ?

Chaque famille décide, mais les spécialistes s'accordent pour dire qu’il est bon de proposer à l’enfant de voir le corps du défunt pour qu’il puisse lui dire au revoir en prenant part aux cérémonies familiales. S’il ne souhaite pas participer, l’interroger sur les raisons de son refus et sur ses peurs éventuelles. Il pourra alors changer d’avis ou dire au revoir autrement au défunt, en cheminant selon d'autres rituels (dessin  ou poème). Quant aux croyances autour de la mort, les parents pourront partager leurs convictions personnelles, en précisant à leur enfant qu’il s’agit de leurs croyances à eux, mais que d’autres familles ne croient pas forcément la même chose. Et qu'il se fera son propre avis en grandissant.
À LIRE . Pour les parents
  • "Parler de la mort", par Françoise Dolto, collection Le Petit Mercure, éd. Mercure de France 
. A lire avec les enfants