
Un coup de pouce pour parents en difficulté
Dans les Hauts-de-Seine, les relais parentaux Coup d’Pouce 92 viennent en aide temporairement aux parents en difficulté. En maintenant le plus possible le lien avec les parents, sans déraciner les enfants de leur environnement habituel. Reportage à l’antenne de Châtenay-Malabry.
Ce jour-là, Léana, 5 ans, rentre de l’école accompagnée par son éducatrice. Bruno, 14 ans, lui, est de retour du collège. Au total, ils sont 14 enfants et adolescents à être accueillis dans ce grand pavillon situé à Châtenay-Malabry en banlieue parisienne. Ce lieu, aux airs de maison familiale, est en réalité l’un des deux dispositifs de la fondation baptisés Coup d’Pouce 92 .
Ici, sont accueillis, en journée et/ou le soir et les weekends, des enfants et des adolescents qui ne peuvent plus être pris en charge par leurs parents. « Nous accueillons les enfants en cas de difficultés passagères de leurs parents : hospitalisation, maladie, problème de logement, épuisement parental, rupture d’hébergement… Les raisons d’accueil sont multiples. », précise Stéphanie Le Beuze, directrice de la structure financée par l’Aide sociale des Hauts-de-Seine au titre de la prévention. « Le fait de pouvoir dire à un professionnel : "Je n’en peux plus, j’en ai marre de mon enfant." sans être jugé, permet de travailler avec le parent sur leur difficulté. »
Un accueil 24h/24
Le grand pavillon familial est organisé sur trois étages : salle de vie, cuisine et dortoirs au rez-de-chaussée, salle de jeux, lingerie et bureau à l’étage et enfin chambres et salles de bain au sous-sol. La maison dispose également d’un petit jardin avec une structure de jeux à l’extérieur. Dix professionnels (éducatrice de jeune enfant, auxiliaire de puériculture, monitrice éducatrice, éducatrice spécialisée) se relaient pour accompagner les enfants âgés de 10 semaines à 17 ans dans ce relais parental ouvert 24h/24, 365 jours par an.
« Nous intervenons pour soutenir les parents dans leur rôle auprès de leurs enfants, explique Katia Atbane, l’une des éducatrices spécialisées. Cela peut aller de mamans qui travaillent le soir ou le weekend à des situations de dépression ou de difficultés éducatives ou d’hospitalisation. Les situations sont très variées. Nous tâchons de remédier aux problématiques intrafamiliales et sociales pour aboutir à l’ apaisement des situations et éviter le placement à l’Aide sociale à l’enfance. »

« J’ai du mal à avoir confiance en moi. »
Mme Touré est la maman de Mariatha (18 mois) et d’Aicha (8 ans). Elle fréquente l’établissement depuis plusieurs années : « Mes deux enfants ont été accueillis ici. Je viens à Coup d’Pouce parce que j’ai beaucoup de mal à confier mes enfants à des inconnus, avec le lâcher prise d’une manière générale. Ici, nous avons beaucoup travaillé sur la séparation parent-enfant. J’ai aussi du mal à avoir confiance en moi, en mes capacités à être parent. Je suis très contente de l’aide que je reçois ici. Lorsque j’ai des questions, les professionnelles sont toujours là pour y répondre. Elles sont très accueillantes. Coup d’Pouce est devenu ma deuxième maison. »

Maintenir le lien parent-enfant
Pendant tout le temps où les enfants sont accueillis au sein de ce relais parental, les équipes tâchent de maintenir le plus possible le lien avec les parents et de ne pas couper les enfants de leur environnement habituel. Les enfants continuent ainsi à fréquenter la même école ou le même club de foot. « La plupart des parents que nous accueillons sont des femmes qui élèvent seules leurs enfants, souligne Manon Puybareau, éducatrice de jeune enfant. Malgré leurs difficultés personnelles ou sociales, nous maintenons le lien pour qu’ils puissent continuer à être parent. Aider les parents, c’est aussi aider les enfants. Nous n’oublions pas qu’ils sont amenés à retourner chez eux. Leur passage ici n’est qu’une parenthèse dans leur vie. Nous essayons qu’elle leur soit profitable. »
"Ma mère avait besoin de souffler."
Julie, 13 ans, est l’une des ados accueillie à Châtenay-Malabry avec son frère Paul âgé de 15 ans : « Nous sommes ici parce que notre mère avait besoin de souffler, confie-t-elle. Nous continuons à la voir lorsqu’elle vient rencontrer les éducatrices ou pour préparer les repas avec nous. Au début, j’avais un peu de mal à m’habituer à la vie en collectivité car ici nous sommes 14 enfants, avec des petits et des grands. Aujourd’hui, ma mère va mieux. Elle a plus de temps pour s’occuper d’elle. Elle connaît mieux ses limites aussi. Quand elle vient ici, elle est plus disponible pour nous. Ma relation avec mon frère qui était assez tendue s’est améliorée aussi. On se chamaille moins. Et les éducatrices lui mettent des limites. »

Quel impact pour les familles ?
Pour mesurer l’impact de son accompagnement sur les familles et les enfants accueillis, l’établissement a demandé à un cabinet extérieur (1) de réaliser une étude auprès des parents, des ados, des professionnels et des partenaires en contact avec le centre parental depuis 2019. Résultats : 84 % des parents se disent soulagés d’être à Coup d’Pouce car ils peuvent enfin souffler et se concentrer sur leurs problématiques. Et 90 % ont le sentiment que leur situation s’est améliorée grâce à l’intervention de Coup d’Pouce. « Les résultats sont très positifs, conclut Stéphanie Le Beuze. Ils montrent la pertinence de ce type de dispositifs de soutien à la parentalité en donnant ponctuellement un coup de pouce aux familles pour face à leurs difficultés. »
(1) Etude d’impact social réalisée par le cabinet Archipel&Co entre décembre 2023 et mars 2024 sur les deux relais parentaux Coup d’Pouce 92.
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