Accompagnement des parents
23 mai 2017

Travail avec les familles, le regard d'un consultant.

Consultant dans le secteur social, Laurent Sochard analyse le travail des professionnels avec les familles. Un point de vue intéressant !

Comment se porte le travail des professionnels du secteur social avec les familles ?

Il varie énormément selon les lieux, mais demeure encore dans l’ensemble, un sujet sensible et douloureux.
En même temps, beaucoup d’institutions et de professionnels sentent qu’il faut progresser sur ce sujet, et ont une véritable envie de le faire. Et de belles expériences très réussies voient le jour. Comme les expériences de co-formations avec ATD quart-monde ou dans les universités populaires de parents du mouvement ACEPP (Association des Collectifs Enfants Parents Professionnels).
Sur le plan des politiques publiques, les Etats généraux du travail social, lancés en janvier 2013, ont donné lieu à des orientations ministérielles fortes. Le plan d’action interministériel qui en a découlé, en octobre 2015, prévoit également un axe fort concernant la participation des personnes, ce qui montre que malgré de nombreux textes, les choses tardent à véritablement avancer.

Comment avancer intelligemment du coup ?

Rencontre d'un professionnel avec une famille à la Maison des Familles d'Amiens. © Besnard/Apprentis d'Auteuil

En faisant véritablement alliance ! Etre parent, d’une famille en difficulté ou pas, c’est difficile ! On n’éduque pas les parents, ce sont des adultes, on travaille avec eux, en ayant le plus possible cette posture essentielle à l’esprit : pour bien rencontrer l’autre, il faut accepter de ne pas savoir. Attention aux pouvoirs cachés, aux attitudes trop surplombantes, aux multiplicités de conseils ou d’intentions bienveillantes qui sont parfois ressentis comme condescendantes. Il y a encore du chemin à faire !

Quels sont les plus gros freins ?

Jeane Dufour, à droite, responsable de la Maison des Familles Les Buissonnets de Marseille Nord, en pleine discussion avec une maman. © Besnard/Apprentis d'Auteuil

La démocratie participative, ce mot-valise, dont on use et abuse, requiert une vraie compétence, des qualités humaines et de convictions, sans compter une dimension qui interroge nos conceptions de l’homme et des rapports sociaux. Rappelons que cette forme de partage et d'exercice du pouvoir est fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique.
Un concept pas évident à mettre en oeuvre sur le terrain. Comment amener en effet des services entiers vers des pratiques différentes si ces mêmes personnes ont le sentiment que les chefs qui leur demandent de les mettre en œuvre ne les associent jamais aux prises de décision ou ne les écoutent pas ? Il faut aussi que les travailleurs sociaux puissent développer une vraie compétence pour travailler avec toutes les personnes. Et si nécessaire, que les institutions elles-mêmes bougent. En fait, seule la dimension éthique fera la différence !

Pour en savoir plus :
  • "AEMO, AED : contrôle social des pauvres ? ", contribution de Laurent Sochard, éd. Eres, mars 2017  
  • www.atd-quartmonde.fr/110-former-a-la-democratie-participative-une-formation-pas-comme-les-autres/
  • https://mooc-francophone.com/cours/mooc-democratie-participative/
  • "Faire participer les habitants ? Citoyenneté et pouvoir d'agir dans les quartiers populaires ", par Marion Carrel, ENS éditions