Accompagnement des parents

L'impact social des Maisons des familles

La première Maison des familles a été créée par Apprentis d'Auteuil il y a presque dix ans. Même si les actions de ces lieux d'accueil d'un genre nouveau ne sont pas toujours bien identifiées par leurs partenaires, une étude d'impact social confiée à un cabinet extérieur salue leurs effets bénéfiques. Explications.

Depuis 2009, Apprentis d’Auteuil a mis en place un programme baptisé Maisons des Familles, inspiré d’un dispositif québécois, en lien avec d’autres partenaires. D’abord déployés à Grenoble et à Marseille, puis étendus dans une dizaine d’autres villes, ces lieux pas comme les autres offrent des espaces d’écoute, de partage et d’entraide à des familles en situation de fragilité, les soutiennent et leur permettent d’échanger leurs expériences. Sur place, pas d’instructions ou de conseils en parentalité venus d’experts professionnels "sachants", mais des temps d’échange ou des activités coconstruites par et avec les familles. Les échanges entre parents sont favorisés pour qu'ils trouvent eux-mêmes des solutions à leurs défis. 

Première étude

Atelier cuisine à la Maison des Familles de Montdidier. © Besnard/Apprentis d'Auteuil

Neuf ans après la première ouverture, Apprentis d’Auteuil a voulu évaluer l'impact social des Maisons des familles, dans le but de mieux comprendre et de valoriser davantage les effets de leurs actions sur les familles : quelles sont les spécificités de ces lieux d’accueil, qui sont les familles qui les fréquentent, quel est leur impact sur la vie des parents et de leurs enfants.
L’évaluation a été menée de mars 2016 à janvier 2018 par le cabinet Asdo Etudes, auprès de neuf Maisons, réparties sur le territoire. 
Premier enseignement de l’étude, les familles ne considèrent pas que le soutien à la parentalité soit la fonction première des Maisons des familles. Elles s’y rendent et les fréquentent avant tout parce que ce sont des lieux de sociabilité, des endroits pour se détendre, rompre son isolement, oublier ses soucis, souffler ou prendre du temps pour soi…
Ateliers de cuisine, ateliers beauté, cours de yoga, écriture de l’histoire de sa vie pour la transmettre à ses enfants, les nombreuses activités proposées permettent aux parents de retrouver confiance en eux. Ces temps de rencontres sont un levier pour les parents. L’accompagnement proposé produit sur eux des effets qui dépassent le seul registre éducatif.

Des lieux de sociabilité

Pendant que les parents discutent entre eux dans une salle attenante, des bénévoles prennent en charge les enfants lors d'ateliers jeux. Maison des familles de Montdidier. © Besnard/Apprentis d'Auteuil

Autre enseignement, c’est ce "vivre ensemble" partagé par les parents qui leur permet, indirectement, de trouver des réponses éducatives nouvelles dans leurs relations avec leurs enfants, d’autres manières de faire ou de concevoir leur autorité. Et du coup de se réassurer dans leurs compétences parentales.
Enfin, l’étude pointe la spécificité des Maisons des familles. Ce sont "des espaces accueillants, souples dans leur fonctionnement, avec des modalités d’intervention particulières, dans lesquels on revendique un rapport de proximité.

Quelques points d'attention à surveiller

La diversité des champs investis par les Maisons des Familles et le travail de long cours qui s’y déploie permettent aux équipes d’inscrire leur travail en complémentarité avec celui d’autres structures ou dispositifs. Ceci suppose néanmoins pour les établissements d’engager un travail d’explicitation de leur action et d’interconnaissance avec les partenaires du territoire, pointe cependant le rapport.  Autre point d'attention notifié par l'étude,, compte tenu du type d’accueil et d’accompagnement développé par les structures, l'inscription dans le tissu partenarial local, encore insuffisamment mise en avant, est nécessaire pour que l’ensemble des plus-values associées à l’action des Maisons des Familles puissent se déployer.

Une étape pour aller plus loin

Une maman fréquentant la Maison des familles de Bordeaux, entourée de ses enfants. ©JP Pouteau/Apprentis d'Auteuil

"Au fil du temps, conclut Christophe Beau, en charge du programme pour Apprentis d'Auteuil, enrichis de la rencontre avec d’autres, les parents reprennent confiance en eux et en leurs capacités éducatives. Ils se disent plus optimistes et davantage confiants en l’avenir, retrouvant une capacité d’oser et d’agir, visible dans les différentes sphères de leurs vies".
Remobilisation dans les démarches administratives, recherche d’une formation ou d’un emploi, prise de parole en public deviennent ainsi possibles.
"Cette étude nous conforte dans ce que nous savions déjà par les retours quasi quotidiens de nos partenaires, directeurs d’écoles, médecins ou infirmiers de PMI, éducateurs, qui nous confirment tous à leur manière qu’au contact de nos structures, les parents changent" , renchérit Jocelyne Drocourt, directrice de la Maison des familles d’Amiens et de son antenne de Montdidier.
Même écho chez Jeane Dufour, directrice de la Maison des Familles Les Buissonnets, située dans les quartiers nord de Marseille, qui souligne de son côté : "Cette étude est une étape intéressante pour aller plus loin et interroger nos pratiques ! "

Etude d'impact social des Maisons des familles

DONNÉES-CLES SUR LES PUBLICS ACCUEILLIS DANS LES MAISONS DES FAMILLES
81 % de femmes, qui viennent souvent seules ou avec leurs enfants
53% de familles monoparentales (vs 20 % au niveau national) 
- 28 % de familles nombreuses  (vs 21 % au niveau national) 
- Seul un parent sur 5 est en emploi
- Près de la moitié des parents sont de nationalité étrangère et ont connu un parcours de migration > Pour consulter et télécharger l'Etude d'impact social des Maisons des familles