Une bénévole à la maison des familles de Bordeaux
Accompagnement des parents
05 décembre 2024, modifié le 09 décembre 2024

Bénévoles engagées à la Maison des familles de Bordeaux, elles témoignent

Brigitte et Élisabeth sont toutes deux bénévoles à la Maison des familles de Bordeaux, un lieu d'échange, d'entraide et d'accompagnement à la parentalité conçu pour et avec les familles, particulièrement celles qui sont confrontées à l'isolement et à la précarité.  Elles témoignent de leur engagement. 

Afficher le résumé facile à lire et à comprendre
Brigitte et Élisabeth sont bénévoles à la Maison des familles de Bordeaux. Elles racontent pourquoi elles aiment apporter leur aide aux mamans et aux enfants.

Brigitte Martin : "Être bénévole permet de ne pas être déconnectée de la vie sociale" 

A la retraite depuis 7 ans, j'ai d'abord profité de ce temps qui s'offrait à moi. Quelques mois plus tard, j'ai été sollicitée pour rejoindre un comité de pilotage, qui, à l'initiative du diocèse de Lille, s'est mis au travail pour créer une Maison des familles à Roubaix. J'étais intéressée, d'autant plus que des familles roubaisiennes ont très vite été associées à la mise en œuvre de ce projet. Je m'y suis engagée comme bénévole dès l'ouverture. 

Il y a un an, je me suis installée près de Bordeaux et j'ai rapidement décidé  de prendre contact avec la responsable de la Maison des familles d'Apprentis d'Auteuil (NDLR montée en partenariat avec le Secours catholique). En février 2024, j'ai été intégrée à l'équipe de salariés et de bénévoles : par ce biais, j'ai découvert quelque peu la réalité sociale et culturelle de Bordeaux, ce  qui m'a permis petit à petit d'avoir une vraie vie sociale dans cette ville que je ne connaissais pas beaucoup.

Originaire de Reims, j'ai exercé mon métier à Roubaix dans le Nord : une formation initiale d'éducateur de jeunes enfants, une expérience en tant qu'enseignante dans une école Montessori, une formation de thérapeute familiale, entre autres, m'ont permis de travailler 25 ans dans un centre d'accueil familial : ce lieu offrait aux familles roubaisiennes, hébergées  pour un temps plus ou moins long, des moments de répit nécessaires à la reconstruction des liens parents enfants souvent extrêmement fragilisés, altérés, voire rompus par l'extrême pauvreté et des conditions de vie précaires, et ce depuis plusieurs générations. 

Ce sont les mêmes préoccupations qui animaient les équipes avec lesquelles j'ai travaillé pendant quinze ans dans un Institut thérapeutique éducatif et pédagogique : l'accompagnement d'enfants ayant des troubles psychologiques entraînant des gros troubles du comportement, perturbant leur socialisation et leur apprentissage, nécessitait de proposer à  des parents épuisés et isolés de toute vie sociale, des temps de parole, des temps de répit leur permettant, à terme, de restaurer, de consolider des liens si souvent distendus. 

En responsabilité de deux équipes dans cet établissement de la Sauvegarde du Nord, j'avais particulièrement à cœur de transmettre à tous ceux et celles avec lesquels je travaillais cette prise en compte de la souffrance de ces femmes et hommes qui avaient besoin d'être restaurés dans leur fonction parentale et rétablis dans une vie sociale.

Une bénévole à la maison des familles de Bordeaux
Brigitte Martin, bénévole à la Maison des familles de Bordeaux, joue avec des enfants dans la grande salle commune. (c) Alban De Jong/Apprentis d'Auteuil

"Les enfants sont la voie joyeuse pour entrer en lien avec les parents"

La richesse de cette expérience professionnelle m'amène aujourd'hui à poursuivre à Bordeaux ce travail de tisseuse de liens mené à Roubaix durant ces longues années. Ces familles venant d'Afrique, du Maghreb, de l'Europe de l'Est ou d'ici sont à la recherche de répit et de ces liens de confiance avec les uns et les autres pour pouvoir traverser les galères et les lourdes épreuves de leurs vies.

Cet engagement bénévole me permet de mettre mes compétences au service de la Maison des familles, bien sûr, mais aussi d'apprendre encore beaucoup des familles elles-mêmes. Notre posture n'est pas celle «  du sachant » tout sur tout. Jouer avec les enfants, les porter, prendre part à la vie du quotidien de la Maison des familles, être à l'écoute de chacun, échanger et faire ensemble, voilà  la polyvalence du travail de bénévole ! Les enfants sont la voie « joyeuse » pour entrer peu à peu dans une relation de confiance avec les parents, qui petit à petit, s'ouvrent à d'autres si différents, mais aussi si empreints de la même «  pâte humaine » que la leur !

Faire équipe : le « portage collectif » des enfants, mais aussi des difficultés du vivre-ensemble et des situations souvent compliquées, c'est important  et indispensable pour réfléchir à la cause de ceux et celles pour lesquels nous nous sommes engagés. Venir d'horizons différents nous permet de croiser nos regards et de réajuster nos postures, nos savoir-faire et nos savoirs- être pour accompagner au mieux celles et ceux franchissent le seuil de la Maison des familles, avec le désir, parfois exprimé, de sortir de l' isolement que leurs conditions de vie précaire imposent !

Une bénévole à la maison des familles de Bordeaux
Élisabeth Satgé, bénévole à la maison des familles de Bordeaux, s'implique auprès des familles et de l'équipe de l'établissement. (c) Alban De Jong/Apprentis d'Auteuil

Élisabeth Satgé : Ce projet rejoint mes engagements et mon histoire"

Je suis bénévole à la Maison des familles de Bordeaux depuis ses débuts. J’avais d’abord commencé à faire du bénévolat pour la fondation à l’occasion de la Fête des mamans, une braderie solidaire qui était organisée par Apprentis d’Auteuil dans plusieurs grandes villes. 
À la retraite, je me suis dit, autant faire quelque chose du temps qui nous est donné. J’ai été professeure de français en collège pendant 42 ans. Ce projet de Maison des familles rejoignait mes engagements et mon histoire personnelle, puisque j’ai passé mes jeunes années en Algérie (mon père était militaire). Quitter son pays, je sais ce que c’est. Ici, le contact avec les familles est facile : nous sommes de la même mer, du même soleil ! J’ai d’abord donné des cours de français au dispositif d'insertion Diapason, situé à l'étage, auprès d’un public adulte, ce qui me changeait de mon domaine habituel. 

La Maison des familles est précieuse pour les mamans qui la fréquentent et qui gagnent en estime de soi, en confiance. Dans la durée, elles acquièrent aussi une manière de voir différente, petit à petit, par exemple sur l’éducation des enfants. Du lien se crée entre les mamans, elles ont moins d’appréhension, elles savent qu’elles peuvent compter les unes sur les autres. 

L’équipe est aussi très importante à mes yeux. La responsable a instauré des temps d’analyse de pratiques pour relire les situations, prendre du recul. La Maison des familles a aussi accueilli des jeunes de l'Institut régional du travail social de Bordeaux et des scolaires pour des stages de 3e. Non seulement cela peut leur donner des idées de métier, mais cela les ouvre à une certaine réalité sociale : nous ne partons pas tous avec les mêmes chances dans la vie. 

Pour ma part, ce bout de route avec la Maison des familles de Bordeaux m'apporte beaucoup.

Tout savoir sur le bénévolat à Apprentis d'Auteuil

Devenir bénévole