Vie de la fondation
27 janvier 2022

Alexandre Martin, ancien d’Apprentis d’Auteuil, est mort samedi au combat

À 24 ans, le jeune Alexandre Martin, ancien d’Apprentis d’Auteuil et engagé dans l’armée de Terre depuis 2015, est mort samedi 24 janvier lors d’une attaque de son camp militaire à Gao, au Mali. Sur le site des établissements Notre-Dame au château des Vaux, où il a été accueilli pendant trois ans, les équipes d’Apprentis d’Auteuil se souviennent avec émotion du jeune Alexandre Martin.

“C’était un bon gamin, agréable, un vrai gentil qui m’a laissé de bons souvenirs”. Ému, l’éducateur Christophe Périsse se rappelle du jeune brigadier tué samedi 22 janvier dans lors d’une attaque de son camp militaire à Gao. Et de son accueil au château des Vaux (28) avant qu’il ne s’engage dans l’armée. De 2013 à 2015, Alexandre Martin a en effet été accueilli à la Maison d’enfants Notre-Dame sur le site d’Apprentis d’Auteuil en Eure-et-Loir (28) et scolarisé au collège Saint-François, puis au lycée professionnel Notre-Dame.

« Ses enseignants et éducateurs sont très touchés par sa disparition, a déclaré Nicolas Truelle, directeur général d’Apprentis d’Auteuil, à l’annonce de son décès. Notre sympathie va à sa famille en ce moment particulièrement douloureux. » De son côté, le président de la République, Emmanuel Macron, a également fait part de sa « très vive émotion » et salué « avec respect la mémoire de ce soldat mort pour la France dans l’accomplissement de sa mission ». Avant de s’associer « à la douleur de sa famille, de ses proches et de ses frères d’armes » et de les assurer « de la reconnaissance et de la solidarité de la Nation. »

Les premiers pas au château des Vaux

Alexandre Martin (à droite) en 2012 à Apprentis d'Auteuil. Photo : DR

L’éducateur Guillaume Carré se souvient parfaitement de son arrivée en 2013 en 3e prépa-métiers sur le site du château des Vaux : “Alexandre était un enfant fragile, chétif, qui manquait réellement de confiance en lui. Il avait une histoire familiale compliquée, mais sa maman était très présente et lui avait inculqué de solides valeurs.” Ses collègues se rappellent aussi d’un garçon discret, réservé et bien élevé. “Il était sérieux, très respectueux du cadre et de la hiérarchie ; il écoutait les conseils qu’on lui donnait ”, témoigne Philippe Martoja, responsable de la vie scolaire du lycée Notre-Dame. Une prédisposition pour l’armée ? Peut-être ! “C’était un jeune homme exemplaire, qui ne faisait pas de vague, toujours carré dans son travail, avec un bureau et des classeurs bien rangés. Un vrai militaire !”, raconte son professeur principal Yohan Nickels. “Sa chambre était toujours propre, sans poster au mur ni objet sur la table de chevet. Comme dans l’armée !”, renchérit son ancienne maîtresse de maison Marie-Jo Taranne.

La naissance d’une passion militaire

Petit à petit, le jeune homme reprend confiance en lui… et en son avenir. Il commence à parler de l’armée, un peu, beaucoup, passionnément.... “Ce n’était pas un travail, mais une vraie passion qui l’animait. Le côté grande famille devait l’attirer, le cadre strict, le sécuriser. Et puis l’armée, c’est l’image de la réussite : Alexandre avait de la fierté en lui”, explique Guillaume Carré. “Je me souviens des dîners dans le pavillon qu’il partageait avec quatre autres jeunes de la Maison d’enfants : il ne parlait que de l’armée. Cela le faisait vivre, vibrer, et lui donnait du contenu dans sa relation avec les autres.”, ajoute l’éducatrice Elisabeth Destouches.

Passionné, le futur brigadier n’a plus qu’une idée en tête : intégrer l’armée. Volontaire, il passe son CAP maintenance des véhicules industriels pour donner toutes les chances à sa carrière militaire, et se prépare aux épreuves d’entrée dans l’armée de Terre.  “Il s’est mis en action… et à la musculation. Le petit garçon chétif qui est arrivé ici s’est transformé en jeune homme”, témoigne Guillaume Carré. Aidé par les équipes, il s’entraîne aux tests physiques et psychotechniques, s’exerce aux entretiens de motivation et participe même à un camp de révision scolaire. Le week-end et les vacances, il suit une préparation militaire au sein de la caserne de Rouen.

L’engagement dans l’armée de Terre

“Il a beaucoup travaillé pour réussir. Et il a réussi !”. En 2015, Élisabeth Destouches accompagne Alexandre Martin pour signer son contrat avec l’armée. “J’étais là quand il a rempli les papiers pour sa famille, au cas où il lui arriverait quelque chose de grave. Aller combattre pour la France lui paraissait normal”.

Quelques années plus tard, l’éducatrice reçoit des nouvelles du jeune militaire. “Il était à Hyères, dans le sud de la France : il m’a raconté ce qu’il vivait, sa petite amie qu’il venait de rencontrer… Je me souviens de la fierté qu’il avait ! Moi aussi je suis fière de lui.”

Hommages à Alexandre Martin

Mercredi 26 janvier, un hommage à huis clos lui a été rendu lors d’une cérémonie organisée dans la cour d’honneur des Invalides, en présence du Chef d’état-major de l’armée de Terre. Un hommage national sera rendu aujourd’hui, jeudi 27 janvier, au 54e Régiment d’artillerie de Hyères auquel il appartenait. La cérémonie sera présidée par Florence Parly, ministre des Armées. Les obsèques d’Alexandre Martin auront lieu samedi 29 janvier.