Anthony Ramdami, ancien de la fondation
Témoignages

Anthony Ramdani : les clés du succès

Caporal au Kosovo, mécanicien, photographe de ruines et d’épaves...
À 39 ans, Anthony Ramdani, ancien des établissements Saint-Philippe à Meudon (92), a vécu plusieurs vies. Avec, à chaque fois, une règle : trouver les clés de la réussite, aller de l’avant, ne pas se retourner sur le passé. Et s’ouvrir à tous les possibles. 

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À 39 ans, Anthony Ramdani, ancien des établissements Saint-Philippe à Meudon (92), répare des clés automobiles à la demande et à la minute. Après avoir été caporal au Kosovo, il veut tout tenter. Pour ne rien regretter.

À peine les présentations faites, Anthony Ramdani vous embarque dans son monde : la réparation de clés automobiles à la demande et à la minute. Grâce à son van aux couleurs de Mister Minit, sa société, il rayonne à Paris et dans l’ouest parisien. « Je réponds à tous les besoins de clé perdue ou à réparer, de double, de clé à programmer, résume-t-il. J’ai aménagé ce van-atelier avec un mobilier durable et un matériel de pointe pour être le plus économe, performant et efficace possible. J’adopte la même politique avec les clients : vérifier ce dont ils ont réellement besoin et leur garantir un travail et un service après-vente de qualité. » 

Citoyen du monde

Anthony n’hésite pas à expliquer les raisons de son arrivée à Saint-Philippe, à l’âge de 12 ans, en 1996. « Ma mère, assistante maternelle dans une école parisienne, m’a élevé seule jusqu’au moment où elle s’est rendue compte que je n’allais pas au collège. Cela ne m’intéressait pas. Je voulais découvrir Paris, visiter la tour Eiffel, le Petit et Grand Palais, Montmartre... Elle est allée voir une assistante sociale et m’a confié à Saint-Philippe. » 
De la 5e à la 3e, le collégien mène une vie plus encadrée au collège et à l’internat, tout en conservant la même soif de liberté. « Il m’est arrivé de faire le mur, avoue-t-il. Mais j’ai adoré ces années-là. La camaraderie avec des jeunes, leurs histoires parfois difficiles. J’ai aimé les moments de partage avec les éducateurs qui étaient là pour nous, à notre écoute. Ils nous initiaient à l’indépendance et à l’autonomie, en nous confiant des tâches et des responsabilités : l’entretien des chambres ou des petits travaux de menuiserie. Grâce à eux, j’ai appris le respect des horaires, du travail, le respect de l’autre, mais aussi le dépassement de soi. » 
Anthony garde un souvenir ému des activités théâtre et spectacle de rue proposées. « Une année, nous sommes allés présenter un numéro d’échasses en Avignon. Inimaginable ! Je n’ai pas obtenu le brevet des collèges, je n’étais pas vraiment studieux, mais je me suis intéressé à la mécanique moto, grâce aux stages que j’ai pu faire. »

Anthony Ramdani, ancien de la fondation, dans son van atelier de clés-minute (
Dans son van-atelier, Anthony Ramdani répare des clés d'automobiles à la demande et à la minute © Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

Après le collège, en 1999, il quitte la fondation et obtient deux ans plus tard un CAP-BEP maintenance des véhicules, option motocycles. La suite ? « À cette époque, l’armée faisait de la publicité pour recruter des jeunes et Saint-Philippe m’avait donné le goût de la vie en communauté, je me suis dit pourquoi pas ? » Il intègre le 21e Régiment d’infanterie de Marine à Fréjus, dans la compagnie d’éclairage et d’appui.
Le fantassin est missionné au Kosovo, au Tchad, au Gabon, etc. « Je ne pourrai jamais oublier la réalité du terrain. Souvent déstabilisante, elle exige le dépassement de soi. » Deux ans plus tard, caporal, il rejoint le 4e régiment du matériel à Nîmes. « L’entretien et la réparation de chars pour la Légion étrangère m’ont emmené en Afghanistan, au Kosovo... Je me suis retrouvé dans des situations qui m’ont fait grandir en tant qu’homme et citoyen du monde. » 

La philosophie du rebond

Estimant avoir fait son temps dans l’armée, le caporal-chef veut passer à autre chose. Il démissionne et entre à Jeep Village, une entreprise spécialisée dans la location de véhicules militaires et de collection pour le cinéma, puis dans un centre de contrôle technique. Un jour, en visitant les Catacombes, à Paris, il lui prend l’envie de les photographier. C’est le début d’une nouvelle passion pour la photo de lieux abandonnés, de ceux « qui laissent une part de mystère sur laquelle je veux témoigner ». Il en fait son second métier sous le nom d’artiste Anthony Rauchen, crée un site où il expose ses clichés d’épaves de voitures, de boutiques désaffectées, d’immeubles en ruine, qui dégagent une étrange poésie. 

Pour tenter d’expliquer un parcours aussi multiple, Anthony évoque la théorie du rebond développée par l’humoriste Chris Esquerre, qu’il apprécie particulièrement : « « C’est sûr, en consultant mon cv, un recruteur ne va pas comprendre ! Comme une balle, quelles que soient les circonstances, je rebondis. Je ne regrette rien. J’ai encore plein de choses à découvrir. Je ne suis qu’à la moitié de mon apprentissage. Je donne volontiers ce conseil aux jeunes : ne lâchez rien, croyez en vous et surtout, intéressez-vous à tout, pour améliorer ce qui peut l’être, explorer les possibles et savoir vous relever. » 
L’avenir, pour Anthony Ramdani, est indissociable d’une vie familiale avec sa femme, photographe, et leur petit garçon. « Ce sont mes priorités ». Sinon, il se verrait bien mécanicien agricole ou contrôleur automobile, pourquoi pas : « Dans chaque expérience, j’apporte mes compétences, mon envie. J’en sors grandi et je passe à autre chose ». Toute une philosophie. 

BIO EXPRESS

  • 1984 Naissance à Paris
  • 1996-1999 Collège et internat Saint-Philippe à Meudon 
  • 2001 CAP-BEP maintenance des véhicules option motocycles 
  • 2002 Entrée au 21e Régiment d’infanterie de Marine à Fréjus
  • 2012 Lancement du site LeKorbo.be où il présente ses galeries de photos