Thays, 4 ans, à l'accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar
Protection de l'enfance

Une journée avec Thays, 4 ans, à l'Accueil éducatif de jour de Colmar

Accueilli à l’Accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar (68), Thays, 4 ans, grandit en confiance, accompagné par des éducateurs bienveillants, tandis que sa maman est épaulée dans son quotidien et son rôle de mère. Objectif ? Éviter le placement de Thays et de sa sœur en Maison d’enfants.

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Accueilli à l’Accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar (68), Thays, 4 ans, grandit en confiance, accompagné par des éducateurs bienveillants. Et sa maman assure, petit à petit, son rôle de mère. Pour que le petit garçon et sa sœur ne soient pas placés en Maison d’enfants.
Thays, 4 ans, à l'accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar
En septembre 2023, un juge des enfants confie Thays et sa sœur Maylis, 8 ans, à l’Accueil éducatif de jour (AEJ) pour que les enfants puissent grandir et s’épanouir sans risques. Leur maman, de son côté, est aidée à surmonter ses difficultés familiales, sociales, financières et à assurer son rôle de mère © David Betzinger/Apprentis d'Auteuil
Thays, 4 ans, à l'accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar avec Eric Winterstein, éducateur spécialisé
« J’aime bien gagner au jeu Croque-Carotte ! », chuchote Thays à Éric Winterstein, éducateur spécialisé. « Alors avant de jouer, réfléchis bien ! », répond-il. Chaque mercredi, Thays retrouve d’autres enfants pour des temps collectifs et individuels. « En sport, j’ai appris à sauter à cloche-pied », s’enthousiasme l’enfant, qui aime particulièrement les jeux de construction. © David Betzinger/Apprentis d'Auteuil
thays, 4 ans, à l'accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar
Une fois par semaine, Éric et une autre éducatrice rendent visite à la maman de Thays pour lui rappeler l’importance d’une bonne hygiène de vie pour les enfants, d'une alimentation équilibrée, d'un endormissement paisible, de l’école... « Thays est moins agité, constate l’éducateur. Il impose moins sa loi aux autres. Il améliore son élocution et développe petit à petit son imaginaire. » © David Betzinger/Apprentis d'Auteuil
thays, 4 ans, à l'accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar lors d'une séance de médiation animale
Grâce à la médiation animale proposée par une intervenante extérieure une semaine sur deux, Thays prend confiance en lui et s’apaise. « Le lapin est tout doux. Avec ses yeux cachés, il est rigolo. Et les cochons d’Inde sont tout petits. » © David Betzinger/Apprentis d'Auteuil
Thays, 4 ans, à l'accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar coupe des champignons sous le regard de Laëtitia Simonutti, maîtresse de maison
Thays coupe des champignons pour le déjeuner, sous l’œil vigilant de Laetitia Simonutti, maîtresse de maison : « Je vérifie sa compréhension des consignes, son sens de l’observation, la motricité de ses doigts. » « J’aime bien la saucisse-purée », avoue Thays. © David Betzinger/Apprentis d'Auteuil
Thays, 4 ans, à l'accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar, joue avec un circuit de trains
Des moments précieux à l'AEJ pour vivre pleinement sa vie d'enfant. Sur décision du juge des enfants, les six mois à l’AEJ pourront être renouvelés une fois. « Je souhaite que Thays progresse encore, espère Éric Winterstein. Et que sa maman ne considère plus notre aide comme une contrainte, mais comme autant de conseils avisés pour qu’elle et ses enfants vivent heureux ensemble. » © David Betzinger/Apprentis d'Auteuil

« L’AEJ ? Un dispositif pour accompagner les enfants bénéficiant d’une mesure de protection de l’enfance et aider les parents. » 

Matthieu Gruner, directeur de l’Accueil éducatif de jour Louis et Zélie Martin de Colmar (68), résume ainsi l’AEJ. « Toute l’équipe – un directeur, une cheffe de service, une psychologue, quatre éducateurs spécialisés, un éducateur sportif et une maîtresse de maison – accompagne l’enfant et soutient ses parents dans leur globalité et leur singularité, à la fois au sein de la famille et à l’AEJ, ce qui fait notre spécificité, précise-t-il. En six mois ou un an maximum, nous devons permettre à chacun, en fonction de ses besoins et de ses attentes, de surmonter ses difficultés, d’évoluer, de gagner en autonomie, pour éviter le placement de l’enfant en institution. »

Seize garçons et filles âgés de 3 à 18 ans confiés par l’Aide sociale à l’enfance de la collectivité européenne d’Alsace ou par le juge des enfants viennent ainsi à l’AEJ. Le mardi soir, ils jouent avec d’autres enfants, goûtent ou dînent ensemble. Le mercredi, ils retrouvent l’éducateur sportif pour des séances de motricité, des matchs de basket ou de foot, nourrissent et cajolent les lapins et les cochons d’Inde d’une intervenante extérieure, spécialiste de la médiation animale, rendent visite à des personnes âgées dans un EHPAD, participent à des opérations environnementales (nettoyage d’une rivière, arrachage de plantes invasives...). Le vendredi soir, ils jouent avec leurs parents à la ludothèque de l’AEJ. « Ces propositions n’ont qu’un but : permettre à l’enfant de s’épanouir et suggérer à ses parents des activités réalistes et reproductibles à la maison ou à proximité, explique Matthieu Gruner. Nous les soutenons ainsi dans leur rôle de mère ou de père et les incitons à créer ou à développer leur réseau social, à s’intégrer dans la société. »


Un soutien renforcé à la parentalité

Les parents – familles monoparentales, séparées et en conflit ou en situation de grande précarité – bénéficient eux des visites à domicile des éducateurs spécialisés ou de la maîtresse de maison, du "Café des mamans" ou de l’atelier "Brico des papas ». Ils partagent également des temps privilégiés avec leurs enfants à l’AEJ, lors de visites de musées ou de séjours organisés. « Autant d’occasions d’observer la maman ou le papa dans son quotidien, de veiller à la protection de l’enfant, de valoriser les compétences ou les talents des parents, de travailler sur leurs carences affectives ou éducatives (manque d’attention, non-respect du rythme de l’enfant, absence de suivi médical, déséquilibre alimentaire, déscolarisation...). Et de permettre à chacun de trouver confiance en soi et estime de soi, conclut Matthieu Gruner. Les parents savent que nous sommes à leur service, pour qu’un jour, ils puissent vivre avec leurs enfants chez eux, en n’ayant plus besoin de nous. »