Des mamans de la Maison des familles de Cayenne avec les oeuvres réalisées pendant l'atelier avec une artiste plasticienne
Accompagnement des parents

Guyane : les droits des femmes à l’honneur à la Maison des familles de Cayenne

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Maison des familles de Guyane à Cayenne expose des autoportraits de femmes réalisés avec une artiste plasticienne. Et accompagne au quotidien ces femmes en grande situation de précarité, souvent victimes de violences. Les explications d’Annie-Claude Isel, responsable de la Maison des familles de Cayenne.

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A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Maison des familles de Guyane organise une exposition

Que préparez-vous pour la Journée internationale des droits des femmes ce 8 mars ?

Les femmes de la Maison des familles de Cayenne travaillent depuis le mois de novembre avec une artiste plasticienne à la réalisation d’autoportraits qui seront exposés le 8 mars à la Maison des familles. Elles réalisent d’abord des photos qu’elles apposent ensuite sur une toile. Tout est issu du recyclage : nous réutilisons des vêtements blancs qui servent de support pour le collage des photos. Cet atelier artistique, qui a lieu deux fois par semaine, permet de rompre l’isolement dans lequel se trouvent ces mamans en situation d’extrême précarité : la plupart n’ont pas de papiers, elles ne connaissent pas leurs droits... En plus de cette exposition, nous présenterons une pièce de théâtre sur le thème des droits des femmes. L’idée est de mettre en scène ces droits d’une manière très visuelle.

Des mamans de la Maison des familles de Cayenne avec les oeuvres réalisées pendant l'atelier avec une artiste plasticienne
Des mamans de la Maison des familles de Cayenne avec les autoportraits réalisés pour la Journée internationale des droits des femmes (c) Apprentis d'Auteuil

Quels sont les bénéfices de ce travail pour ces femmes ?

Ce travail réalisé avec une artiste plasticienne permet de les valoriser à travers les œuvres qu’elles créent ensemble, de travailler sur leur image, sur l’estime et la confiance en soi. Le fait d’exposer leurs créations au sein de la Maison des familles leur redonne aussi symboliquement une place au sein de la société guyanaise. Pour la plupart, ce sont des ressortissantes haïtiennes ou dominicaines qui vivent dans des conditions très précaires. Elles sont souvent victimes de violences conjugales, psychologiques ou sexuelles. Certaines vivent à la rue avec des enfants en bas-âge. A travers ce travail, nous essayons de leur montrer que leur parole compte, qu’elles ont des droits.

Quel est le profil des femmes que vous accueillez à la Maison des familles de Cayenne ?

Elles sont en majorité issues des Caraïbes. La plupart n’ont pas de titre de séjour et ne bénéficient pas d’aide de l’État. Elles vivent dans des conditions inhumaines dans des squats, sans accès à l’eau ou à l’électricité. Elles et leurs enfants sont souvent sous-alimentés. Nous accueillons aussi quelques familles guyanaises, des jeunes mamans, des adolescentes et quelques papas. Les activités que nous proposons ont pour objectif de resserrer le lien parent-enfant. Pour ces ressortissantes étrangères qui vivent dans des conditions très précaires, jouer, discuter, s’asseoir avec leurs enfants n’est pas la priorité. Elles cherchent d’abord un moyen de subsistance pour pouvoir leur donner à manger. Nous leur proposons des activités diverses : ateliers créatifs, sophrologie, couture, jardinage en famille, aide aux devoirs.... Nous rendons les parents acteurs de l’éducation de leurs enfants.

Comment abordez-vous la question des droits des femmes tout au long de l’année ?

Des professionnels extérieurs à la Maison des familles interviennent tous les vendredis sur ces questions. Nous accueillons par exemple des associations qui luttent contre les violences faites aux femmes, qui font de la prévention autour de la santé des femmes (cancer du sein) et de l’enfant. Nous orientons aussi les femmes vers d’autres structures extérieures. Par exemple, vers la Cimade (l’association vient en aide aux migrants, réfugiés ou demandeurs d’asile, ndlr) pour qu’elles puissent enclencher les démarches administratives. Cela reste difficile car il y a très peu de structures en Guyane pour leur venir en aide. Le fait qu’elles soient étrangères leur donne très peu solutions.