Formation et insertion
29 septembre 2022

Un toit à soi

À Montauban, des mineurs non accompagnés (MNA) ayant récemment atteint leur majorité sont accompagnés sur le chemin de l’autonomie par un dispositif d’Apprentis d’Auteuil et disposent de leur propre logement, une des clés de leur insertion.

« L’année prochaine, je vais peut-être m’inscrire à Top Chef », s’enthousiasme Masum, 19 ans. En brevet professionnel cuisine, ce jeune originaire du Bangladesh travaille depuis un peu plus d’un mois dans un restaurant étoilé au Michelin à Montauban. Comme une vingtaine d’autres jeunes suivis par le Dispositif d’accompagnement vers l’autonomie, l’indépendance et l’insertion (DAVAII) d’Apprentis d’Auteuil, ce tout jeune majeur bénéficie d’un premier logement « en ville ».

Un premier logement à soi

Rasel et Uddin, nouveaux colocataires. Photo © Yann Castanier/Apprentis d'Auteuil

Ce nouveau service de la Maison d’enfants Saint-Roch dispose d’une dizaine de logements meublés dits « diffus », car disséminés en ville, loués à un prix modique à une vingtaine de jeunes majeurs qui y cohabitent. Son objectif ? Aider les jeunes sortants de l’Aide sociale à l’enfance du Tarn-et Garonne à se prendre en charge tant au niveau de la vie quotidienne que des études ou de l’insertion professionnelle grâce au levier que constitue le premier vrai logement à soi. « Un éducateur passe une fois par semaine dans les appartements dont il possède un double des clés, explique Geneviève Ayoub, l’une des éducatrices du service. Il s’assure notamment que les appartements sont propres, bien tenus, que les produits d’hygiène sont suffisants et leur donne des conseils. Par exemple, il leur suggère d’ouvrir une cagnotte commune pour les courses. »

Depuis quelques mois, Masum cohabite avec Gurwinder, un jeune du même âge venu d’Inde, dans un trois pièces à deux pas du centre-ville. Arrivés en France il y a trois ans, les deux garçons ont été hébergés dans des familles d’accueil jusqu’à leur majorité. « Masum est quelqu’un de brillant, de volontaire et de très motivé. Il va devenir un excellent cuisinier », prédit Geneviève Ayoub qui l’accompagne dans son quotidien, le suit dans ses études et l’aide dans ses démarches administratives, notamment pour la régularisation de ses papiers.

Apprendre à devenir autonome

Les jeunes apprennent les gestes de la vie quotidienne Photo © Yann Castanier/Apprentis d'Auteuil

Dans un autre quartier de Montauban, Rasel et Uddin, deux Bangladais de 18 ans, partagent eux aussi un F3. Titulaire d’un CAP de production, service et restauration, Uddin n’a pas pu s’inscrire à la rentrée en CAP de cuisinier au Centre de formation par apprentissage (CFA) de Montauban faute de place. L’éducatrice l’aide à trouver une solution. Un précieux soutien qui permet au jeune homme de s’orienter vers le CFA de Cahors. « C’est ma mère qui m’a appris à cuisiner, confie Rasel, en alternance au restaurant Little Italy. Le patron est très gentil. Après mon CAP de cuisinier, j’aimerais continuer à y travailler ».

Des secteurs professionnels qui recrutent

Repas en commun au pavillon. Au centre Geneviève Ayoub. Photo © Yann Castanier/Apprentis d'Auteuil

Dans le pavillon d’Apprentis d’Auteuil du centre-ville qui héberge en premier accueil une dizaine de MNA, tous les jeunes inscrits au dispositif suivent des cours de français et de mathématiques dispensés par des bénévoles. Ils sont aussi accompagnés par un conseiller en économie sociale et familiale qui leur apprend à gérer un budget et par un chargé d’insertion qui les aide à trouver une formation, à répondre à des annonces et à maintenir le lien avec les employeurs.
« Dans la région, les secteurs de la restauration, de la boulangerie, de la menuiserie, de la métallerie ou encore du bâtiment recrutent », précise Marie-Laure Murat, éducatrice. Ce soir d’été, elle tisonne les braises d’un barbecue autour duquel Masum, Gurwinder, Uddin et Rasel se retrouvent pour partager un repas chaleureux. Un moment de convivialité apprécié pour ces jeunes qui d’habitude...sont en cuisine.