Education et scolarité

Goulwen Le Nevez, professeur des écoles : "Ici, je me sens réellement utile"

C’est à Apprentis d'Auteuil, en tant que professeur des écoles, que Goulwen Le Nevez a trouvé sa voie. Depuis huit ans, cet ancien sportif de haut niveau s’épanouit à l’école Poullart-des-Places, à Orly, dans un métier qui fait sens, à la croisée de l’éducatif et du social. Portrait.

« Ici, je sens que je suis réellement utile, que mon métier a du sens », confie Goulwen Le Nevez, professeur à l’école primaire Poullart-des-Places à Orly d'Apprentis d'Auteuil depuis huit ans. À 43 ans, l’homme aux traits encore juvéniles et à la carrure d’athlète, natif de Squiffiec, petit village des Côtes-d’Armor, a déjà vécu plusieurs vies avant de trouver son point d’ancrage à la fondation.
D’abord handballeur et entraîneur dans l’équipe de Nationale 3 de Guingamp, Goulwen met un terme à sa carrière peu avant ses trente ans. « Le sport m'a apporté la rigueur, la persévérance et m'a fait comprendre qu’il est possible de repousser ses limites au-delà de ce que l'on peut imaginer. Mais j’avais besoin de vivre d’autres aventures humaines en dehors de l’univers de la performance », résume-t-il. Alors, avec des copains, il crée une association pour aider au développement d’un village en Gambie. Il y rencontre celle qui devient sa femme et la rejoint en région parisienne. Là, il enseigne l’éducation physique et sportive comme professeur suppléant. « Au bout de quelques années, je commençais à tourner en rond dans mon métier. J’avais besoin de lui donner davantage de sens. J’ai décidé de me réorienter vers l’éducatif avec un versant social. »

Une école pas comme les autres

Le jeune homme passe ainsi le concours de professeur des écoles dans l’enseignement privé. « À l’issue du concours, se souvient-il, la responsable diocésaine m’a proposé un poste de stagiaire à Poullart-des-Places. J’ai été immédiatement séduit par le projet de la fondation et par l’école qui dispose de moyens importants dans un environnement très agréable. En outre, je travaille au sein d’une équipe très professionnelle et soudée. »

Doté d’une salle de spectacle, d’un gymnase, d’une vaste cour, d’ordinateurs, de tablettes et de tableaux numériques, l’établissement développe des dispositifs pour accompagner et soutenir les élèves en difficulté dans des classes à petits effectifs. Ils y bénéficient d’une double prise en charge, éducative et scolaire. « J’enseigne au niveau CM1-CM2, à des enfants qui ont besoin d'une présence à la fois cadrante et bienveillante. Ce que je pense pouvoir leur apporter », souligne Goulwen.

Formé en interne, il est en mesure d’identifier très tôt des enfants atteints de troubles de l’apprentissage comme les troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie et dysgraphie) ou de la motricité fine (dyspraxie) ou encore ceux qui rencontrent des difficultés de compréhension orale. « J’adapte mon travail à chaque élève en lien avec l’équipe composée d’une spécialiste de l’enseignement adapté, d’une psychologue et d’une orthophoniste. »

Réduire la fracture numérique

La tablette numérique permet d'aller plus loin dans les apprentissages. (c) Michel Le Moine/Apprentis d'Auteuil
La tablette numérique permet d'aller plus loin dans les apprentissages. (c) Michel Le Moine/Apprentis d'Auteuil

Également porteur du projet numérique d’Apprentis d’Auteuil (1) pour l’école Poullart-des-Places, Goulwen sensibilise ses collègues et ses élèves au maniement des tablettes qui équipent progressivement l’établissement. L’objectif étant de réduire la fracture numérique, une réalité méconnue chez les jeunes qu’on imagine spontanément agiles avec ces outils.
« Les enfants sont très doués avec les réseaux sociaux, mais ils ne savent pas utiliser un serveur, un traitement de texte ou une boîte courriel. Or, c’est essentiel pour pouvoir travailler dans l’univers du numérique, qui constitue aujourd’hui plus d’un tiers des métiers, mais aussi pour se débrouiller dans la vie quotidienne et avec les démarches en ligne », analyse Goulwen.

« La tablette, ajoute-t-il, permet d’aller plus loin dans les apprentissages et de nous adapter à chaque élève tout en attrapant plus facilement l’attention d’enfants qui rencontrent souvent des difficultés de concentration. Pour eux, le travail est beaucoup plus concret. Nous pouvons par exemple utiliser la 3D, illustrer nos propos par des images, de la musique, des vidéos, etc. L’élève peut aussi projeter son travail à partir de sa tablette sur le grand tableau numérique de la classe. C’est absolument génial. Et c’est un bon outil pour lutter contre le décrochage. »

L’erreur est un moyen pour apprendre

Pour Goulwen, l’école doit avant tout « accueillir, accompagner, poser un cadre qui permet d’apporter confiance et liberté. » Sur un mur de sa classe, il a punaisé la phrase : « L’erreur est un moyen pour apprendre. » afin d’inciter les enfants à essayer, à se tromper, à tenter de nouveau dans un esprit bienveillant.
Passionné par ce métier de professeur qu’il décrit comme « exigeant » il décompresse grâce à ses hobbies : cuisine, théâtre, foot et tennis. Et lorsqu’on lui demande en quoi Apprentis d'Auteuil répond enfin à ses attentes, cet homme solide qui dégage une force tranquille conclut : « L'école, c'est bien plus que des savoirs à transmettre, c'est aussi le vivre-ensemble et le respect. C'est une chance de tendre vers l'équité. En cela Apprentis d'Auteuil remplit une mission de la plus haute importance, en donnant une chance supplémentaire à des enfants qui ne sont pas les plus avantagés ou les mieux lotis. »

(1) soutenu par la Fondation d'entreprise Société générale