Accompagnement des parents

Frères et sœurs : comment les aider à vivre ensemble ?

La vie en famille entre frères et sœurs n’est pas toujours facile. Comment repérer les besoins de chacun de nos enfants, jusqu'où intervenir dans leurs liens ou leurs conflits, comment préserver une relation avec chacun d'entre eux ? Conseils en cinq points. Par Agnès Perrot.

1-Des sentiments mêlés

Avoir des frères et sœurs, c'est apprendre la vie en société. "Les relations au sein d’une fratrie imprègnent notre identité, explique Dana Castro, psychologue clinicienne et psychothérapeute à Paris. Nous vivons dans nos rapports sociaux les projections inconscientes de ce que nous avons vécu avec nos frères et sœurs."

Ces relations particulières conditionnent notre façon d’agir, de penser et de nous considérer nous même aujourd'hui. Qui dit fratrie dit donc aussi jalousie et rivalité, questions au cœur de toutes les pratiques éducatives. Mais aussi entraide, émulation, solidarité, partage, complicité…

Bref, un excellent moyen d’apprendre à vivre avec les autres, avec ses joies et ses contraintes. Et plus souvent que l’on croit, un formidable moteur pour avancer !

2-Acquérir de nouvelles compétences relationnelles

Pour que leurs enfants s’entendent mieux entre eux, les parents peuvent les aider à prendre du recul et voir les choses autrement. Ce qui s’apprend.

"Nos enfants ont besoin que nous accueillions leurs ressentis et d’acquérir de nouvelles compétences relationnelles. Mais cela ne sera possible que si nous sommes décidés à gérer, nous aussi, nos propres émotions en nous formant par la lecture de livres, ou mieux encore, par la participation à des groupes de paroles ou à des ateliers spécial parents", souligne Genoveva Desplas, animatrice d'ateliers Faber et Mazlish (1).

Ainsi formés, nous aurons acquis de nouveaux réflexes et pourrons, par exemple, accueillir leurs sentiments, même les plus noirs, et leur apprendre à faire de même.

3-Accueillir ce que les enfants ont sur le cœur

Concrètement, en cas de dispute entre frères et soeurs, "au lieu de mettre de côté les émotions négatives qu’un enfant éprouve envers un autre, vous pouvez les reconnaître, souligne encore Genoveva Desplas. Et trouver les mots pour les exprimer vous-même en reformulant l'émotion entendue ou permettre à vos enfants de verbaliser leur ressenti ou leur colère."

Les frères et les sœurs ont besoin que leurs sentiments réciproques soient reconnus, même les plus noirs, et qu’on les aide à les extérioriser. La rivalité fraternelle porte parfois peu à conséquence, mais elle peut être aussi l’objet de vraies souffrances !

4-Non à l’égalitarisme

Autre travers inconscient souvent défendu par les parents, vouloir absolument donner la même chose à chacun. Les enfants ont des besoins individuels.

"Il n’est pas nécessaire de réagir de la même manière pour chaque enfant et il est parfaitement normal et naturel d’avoir des sentiments différents envers des enfants qui sont différents" explique Dana Castro.

5-Les disputes

Les rivalités fraternelles sont une source de stress pour les parents. Ils les anticipent et les redoutent. Parfois ils les ignorent, ne veulent pas les voir. Pire encore, les stratégies qu'ils mettent en place pour faire cesser les conflits mènent souvent à encore plus de frustration. Même si ce n’est pas facile, il est possible d’agir autrement.

"En cas de petites disputes, vous pouvez commencer par reconnaître la colère que ressent chaque enfant envers l’autre. Vous pouvez écouter ensuite la version de chacun avec respect, démontrer votre compréhension du défi que représente le problème, exprimer votre confiance en leur capacité de trouver une solution acceptable pour les deux et quitter la pièce", invite Genoveva Desplas.

Si on leur fait confiance, les enfants trouvent les solutions. En cas de conflits plus graves, l’accompagnement du parent s’impose. Ainsi qu’une séparation physique des enfants. De nombreux ateliers existent également partout en France pour accompagner les familles dans la résolution des problèmes qui peuvent survenir entre frères et soeurs. 

(1) Intitulés "Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent", ils ont été créés par Adele Faber et Elaine Mazlish, deux américaines visionnaires diplômées dans le domaine de l'éducation. 

 A LIRE

  • Frères et soeurs sans rivalité
    Manuel de survie pour une famille sereine
    de Adele Faber et Elaine Mazlish
    Aux Éditions du Phare
  • Frères et sœurs
    Les aider à s’épanouir
    de Dana Castro
    Éditions Albin Michel
  • Arrête d’embêter ton frère ! Et toi, laisse ta sœur tranquille 
    de Élisabeth Crary
    Collection Parent + 
    Éditions JC Lattès